mardi 2 juillet 2013

INSURECTION POPULAIRE AU BRESIL : UN SI BEL EXEMPLE DE RESISTENCE SOCIALE ET POLITIQUE VENANT DE NOS ANCETRES DEPORTES.



 
Ce que ce pays nous enseigne en ce moment est énorme! Profitons-en avant qu'il ne soit tard.
 
Les rues Brésiliennes sont depuis quelques semaines le théâtre de contestation de la gouvernance en cours dans ce pays.

En cause, l’augmentation du prix du transport ; l’inexistence d’un système de soins de santé  accessible et profitable à tous ; un système éducatif qui exclut le plus grand nombre des citoyens ; la corruption galopante dans tous les axes de la société brésilienne ;  la  «protection » offerte aux corrompus et aux corrupteurs par les pouvoirs publics et enfin, l’organisation d’une coupe du monde et des jeux olympiques dans ce pays à des sommes pharamineuses, au moment même où,  des citoyens meurent de fin et dorment à la belle étoile….   

C’est donc contre tout ce tableau peu glorieux que, comme un seul homme, et mobilisée sur la toile, la jeunesse brésilienne a pris d’assaut les rues pour dire son ras-le-bol.

Depuis le début de ces échauffourées, les autorités brésiliennes, en tout bon politique, ont tenté de récupérer le mouvement ; que n’a-t-on pas promis à ces jeunes qui exigent enfin une meilleure gouvernance plus axée sur le développement de l’humain ? La présidente a d’abord parlé de « faire venir des milliers de médecins  étrangers dans le pays pour de meilleurs soins de santé» ; la rue a trouvé cette mesure insuffisante et les contestations ont gagné en ampleur et en intensité.  Même le parlement brésilien connu pour être le refuge des prédateurs de l’économie du pays a initié et voté une loi contre la corruption ; et c’est la cour suprême qui vient de donner le signal fort que la révolution de la rue est bien comprise : elle a voté une loi ordonnant la mise aux arrêts d’un député impliqué dans une vaste affaire de corruption mais qui jouit depuis toujours de ses libertés.

Mais aucune de ces mesures n’a suffit à faiblir la colère du peuple en ébullition. Il ne recule devant rien ; ni les gaz lacrymogène de la police ; ni les canons à eau encore moins les coups de matraque et les tires de balles en caoutchoucs. Et le pouvoir brésilien n’a pas organisé de contres manifestations non plus (payé des imbéciles, comme on le voit ici au Bénin, pour venir se proclamer anti-mouvement et pro-pouvoir). Il s'est montré digne et bien élevé, écoutant les colères de la rue sans rien saboter. 

Même la victoire de la selesçao brésilienne sur l’équipe espagnole lors de la finale ce dimanche 30 juin de la coupe des confédérations n’a pas calmé les ardeurs des manifestants. A trois cents (300) mètres du stade où s’expliquaient les  vingt-deux (22) acteurs, policiers anti émeutes et manifestants s’affrontaient dans les rues, pierres contres armes blanches et gaz lacrymogènes.

Un si bel exemple de résistance qui nous vient directement du pays de nos ancêtres déportés ne mérite-t-il pas d’être éssayé ici au Bénin ?

Que reproche la rue brésilienne  à ses autorités et que le peuple béninois ne subit-il pas ici au quotidien ?

Corruption et mauvaise gestion :
 
 La corruption, les corrompus et corrupteurs  sont ici au Bénin, promus et protégés.

C’est le cas de la ministre de la fonction publique Maïmouna kora Zaki qui, responsable de l’organisation du concours de recrutement d’agents au profit du ministère des finances et consorts, a fait passer son propre fils. Plusieurs de ces collaborateurs ont fait pareil. Des noms de candidats régulièrement admis ont été remplacés ; leurs numéros de tables affectés à des parents et/ou proches des organisateurs.    

Malgré ce gros scandale décrié par tout le peuple, les mis en cause sont toujours en poste ; certains ont même connu des promotions.

Le parlement qui aurait pu se saisir d’un tel sujet avec une commission d’enquête digne du nom, joue la sourde oreille.

Cela ne fait pas de doute, plus de quatre-vingt-dix pour cent  (90%) des députés béninois sont corrompus. Ils sont un certain nombre, tous de la mouvance présidentielle actuelle, à être au cœur du scandale du nouveau siège du parlement dont les fonds ont été entièrement détournés ; les travaux abandonnés. Et pour enfoncer le clou, au lieu de confier le dossier à une justice libre et indépendante, le président de la République décide de faire raser le « bâtiment » et faire recommencer une nouvelle construction sur un nouveau site après avoir fait arrêter  sans procès quelques  « tâcherons ».

Petites conclusions :

Le président soutient la corruption, les corrupteurs et les corrompus tant qu’ils sont de sont bord politique.

Quel est ce mode de gestion où  on décide aussi facilement d’oublier ou d’abandonner autant de milliards du contribuable béninois gaspillés ! Où se trouve l’obligation de compte rendu tant prôné par Yayi Boni ? Où se trouve dans ce type de méthode de gouvernance, l’obligation de résultats, leitmotive du chef de l’Etat ?....    

Plusieurs autres cadres politiques cités dans des scandales financiers ou économiques sont toujours aux côtés de Yayi, s’ils ne prennent refuge au parlement.  

Système sanitaire :
 
Le système sanitaire béninois est des plus inquiétants au monde : absence de motivation au travail ; absence de qualification ; absence de formation ; absence de matériel de travail adéquat (malgré l’opération (120) cent vingt jours pour équiper nos centres de santé, organisée par le ministère de tutelle) ; absence de centre de santé digne du nom ; couverture sanitaire du pays très très insuffisante.  La preuve, à 45 kilomètre de Cotonou, on manque de sage femme ; de chirurgien….Dans la vallée de l’Ouémé, on éclaire encore un accouchement à la lanterne ou avec la torche d’un portable ; récemment, une épidémie de paludisme a fait plus de quinze (15) morts (10) jours dans la région, et ce sont tous des cas suivis par la seule baraque faisant office de centre de santé dans la zone.….

Les autorités béninoises se font toutes soigner à l’étranger ; les ministres du gouvernement et les députés vont accoucher à l’étranger (cas de Réckya Madougou, garde des sceaux et de Clotilde Hoinsavi). Pendant ce temps, c’est les mouroirs locaux qui nous sont imposés. Le dimanche 23 juin dernier encore, le roi « Alokpon » chanteur traditionnel d’un talent inégalé dans sa discipline et dans son genre, a rendu l’âme au CNHU, centre national hospitalier et universitaire de Cotonou, dès suite d’une intervention chirurgicale. Et il ne s’est trouvé personne pour broncher ; ni pour assigner les médecins concernés en justice ni pour demander des comptes à l’Etat béninois.

La dernière trouvaille du pouvoir, le RAMU est un instrument agité juste pour capter des voix politiques et réviser la constitution. Je l’avais déjà démontré dans mon autre papier, à 1000F par personne au mois, le Béninois moyen ne pourra pas  souscrire à ce régime d’assurance maladie. Et le pouvoir le sait bien !

Le transport local :
 
Le transport routier est quasiment inexistant au Bénin ; c’est la loi de la jungle : le secteur est aux mains d’opérateurs privés qui en font à leurs têtes. Même les nouveaux transports en commun initiés par la ville de Cotonou sont de graves sources d’accidents et d morts ; tellement les « chauffards » à bord conduisent à tombeaux ouverts.    Les accidents routiers sont comme une prescription divine ou constitutionnelle à laquelle les conducteurs s’adonnent sans soucis….Et pour cause, nos routes ! L’axe Akassato-Bohicon enregistre par semaine plus de vingt (20) cas d’accidents les uns aussi mortels que les autres. Et le pouvoir n’en dit rien ! Les autorités du pays (présidents d’institutions, ministres, députés, et autres directeurs de société) empruntent un contournement qui passe par Porto-Novo. Quant au président de la république, ses déplacements internes se font par hélicoptère.

En somme, les béninois vivent les mêmes angoisses et désespoirs que les brésiliens qui, eux ont finalement eu le courage et la dignité d’envahir les rues pour crier leur ras-le-bol. Pour exprimer leurs soifs et leurs besoins…. Leur envie d’une cité mieux gérée où l’être a une place digne du nom.

Mais nous ? Même humiliés jusque dans la moelle, nous continuons à danser et à chanter pour le « roi » ; nous continuons à donner à l’ennemi de ce peuple les armes et les moyens de nous abrutir ;  de nous aliéner à vie et à installer un système partisan qui ruinera des régions et des Hommes de ce pays, des décennies durant. Tout cela parce que maintenant, certains d’entre nous trouvent  leurs « comptes » dans la pagaille et les crimes en cours ! Certains de nous, pour les prébendes et les miettes à gagner de Yayi sacrifient le pays, le plus grand nombre. 

Béninois mes frères ! Béninoises mes sœurs ! Ce bel exemple de résistance qui nous vient de si loin est, à mon sens, le seul moyen pour nous d’arrêter le népotisme absolu ; le totalitarisme vulgaire et puant, le populisme minable et ridicule, ainsi  que la prédation de nos entreprises publiques et autres patrimoines par un clan d’opportunistes qui nous agitent la bible et Dieu auxquels ils ne savent rien. 

Donnons nos poitrines à frapper; nos têtes à écraser; nos sangs à répandre sur l’asphalte bref, risquons nos vies pour le pays et les générations à venir, à l’image de ces Brésiliens qui démontrent qu'ils ne sont pas que capable d'être les meilleurs au foot!


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