Ce que ce pays nous enseigne en ce moment est énorme! Profitons-en avant qu'il ne soit tard.
En cause,
l’augmentation du prix du transport ; l’inexistence d’un système de soins
de santé accessible et profitable à
tous ; un système éducatif qui exclut le plus grand nombre des
citoyens ; la corruption galopante dans tous les axes de la société
brésilienne ; la «protection » offerte aux corrompus et
aux corrupteurs par les pouvoirs publics et enfin, l’organisation d’une coupe
du monde et des jeux olympiques dans ce pays à des sommes pharamineuses, au
moment même où, des citoyens meurent de fin et dorment à la belle étoile….
C’est donc contre
tout ce tableau peu glorieux que, comme un seul homme, et mobilisée sur la
toile, la jeunesse brésilienne a pris d’assaut les rues pour dire son
ras-le-bol.
Depuis le début de
ces échauffourées, les autorités brésiliennes, en tout bon politique, ont tenté
de récupérer le mouvement ; que n’a-t-on pas promis à ces jeunes qui
exigent enfin une meilleure gouvernance plus axée sur le développement de
l’humain ? La présidente a d’abord parlé de « faire venir des
milliers de médecins étrangers dans le pays pour de meilleurs soins de
santé» ; la rue a trouvé cette mesure insuffisante et les contestations
ont gagné en ampleur et en intensité.
Même le parlement brésilien connu pour être le refuge des prédateurs de
l’économie du pays a initié et voté une loi contre la corruption ; et
c’est la cour suprême qui vient de donner le signal fort que la révolution de
la rue est bien comprise : elle a voté une loi ordonnant la mise aux
arrêts d’un député impliqué dans une vaste affaire de corruption mais qui
jouit depuis toujours de ses libertés.
Mais aucune de ces
mesures n’a suffit à faiblir la colère du peuple en ébullition. Il ne recule
devant rien ; ni les gaz lacrymogène de la police ; ni les canons à
eau encore moins les coups de matraque et les tires de balles en caoutchoucs.
Et le pouvoir brésilien n’a pas organisé de contres manifestations non plus (payé des
imbéciles, comme on le voit ici au Bénin, pour venir se proclamer
anti-mouvement et pro-pouvoir). Il s'est montré digne et bien élevé, écoutant les colères de la rue sans rien saboter.
Même la victoire de
la selesçao brésilienne sur l’équipe espagnole lors de la finale ce dimanche 30
juin de la coupe des confédérations n’a pas calmé les ardeurs des manifestants.
A trois cents (300) mètres du stade où s’expliquaient les vingt-deux (22) acteurs, policiers anti
émeutes et manifestants s’affrontaient dans les rues, pierres contres armes
blanches et gaz lacrymogènes.
Un si bel exemple de
résistance qui nous vient directement du pays de nos ancêtres déportés ne
mérite-t-il pas d’être éssayé ici au Bénin ?
Que reproche la rue brésilienne
à ses autorités et que le peuple béninois
ne subit-il pas ici au quotidien ?
Corruption et mauvaise gestion :
La corruption, les corrompus et corrupteurs sont ici au Bénin, promus et protégés.
C’est le cas de la
ministre de la fonction publique Maïmouna kora Zaki qui, responsable de l’organisation
du concours de recrutement d’agents au profit du ministère des finances et
consorts, a fait passer son propre fils. Plusieurs de ces collaborateurs ont
fait pareil. Des noms de candidats régulièrement admis ont été remplacés ;
leurs numéros de tables affectés à des parents et/ou proches des organisateurs.
Malgré ce gros
scandale décrié par tout le peuple, les mis en cause sont toujours en
poste ; certains ont même connu des promotions.
Le parlement qui
aurait pu se saisir d’un tel sujet avec une commission d’enquête digne du nom,
joue la sourde oreille.
Cela ne fait pas de
doute, plus de quatre-vingt-dix pour cent
(90%) des députés béninois sont corrompus. Ils sont un certain nombre,
tous de la mouvance présidentielle actuelle, à être au cœur du scandale du
nouveau siège du parlement dont les fonds ont été entièrement détournés ;
les travaux abandonnés. Et pour enfoncer le clou, au lieu de confier le dossier
à une justice libre et indépendante, le président de la République décide de
faire raser le « bâtiment » et faire recommencer une nouvelle
construction sur un nouveau site après avoir fait arrêter sans procès quelques « tâcherons ».
Petites conclusions :
Le président
soutient la corruption, les corrupteurs et les corrompus tant qu’ils sont de
sont bord politique.
Quel est ce mode de
gestion où on décide aussi facilement
d’oublier ou d’abandonner autant de milliards du contribuable béninois
gaspillés ! Où se trouve l’obligation de compte rendu tant prôné par Yayi
Boni ? Où se trouve dans ce type de méthode de gouvernance, l’obligation
de résultats, leitmotive du chef de l’Etat ?....
Plusieurs autres
cadres politiques cités dans des scandales financiers ou économiques sont
toujours aux côtés de Yayi, s’ils ne prennent refuge au parlement.
Système sanitaire :
Le système sanitaire béninois est des plus
inquiétants au monde : absence de motivation au travail ; absence de
qualification ; absence de formation ; absence de matériel de travail
adéquat (malgré l’opération (120) cent vingt jours pour équiper nos centres de
santé, organisée par le ministère de tutelle) ; absence de centre de santé
digne du nom ; couverture sanitaire du pays très très insuffisante. La preuve, à 45 kilomètre de Cotonou, on
manque de sage femme ; de chirurgien….Dans la vallée de l’Ouémé, on
éclaire encore un accouchement à la lanterne ou avec la torche d’un portable ;
récemment, une épidémie de paludisme a fait plus de quinze (15) morts (10)
jours dans la région, et ce sont tous des cas suivis par la seule baraque
faisant office de centre de santé dans la zone.….
Les autorités
béninoises se font toutes soigner à l’étranger ; les ministres du
gouvernement et les députés vont accoucher à l’étranger (cas de Réckya
Madougou, garde des sceaux et de Clotilde Hoinsavi). Pendant ce temps, c’est
les mouroirs locaux qui nous sont imposés. Le dimanche 23 juin dernier encore,
le roi « Alokpon » chanteur traditionnel d’un talent inégalé dans sa
discipline et dans son genre, a rendu l’âme au CNHU, centre national hospitalier
et universitaire de Cotonou, dès suite d’une intervention chirurgicale. Et il
ne s’est trouvé personne pour broncher ; ni pour assigner les médecins
concernés en justice ni pour demander des comptes à l’Etat béninois.
La dernière
trouvaille du pouvoir, le RAMU est un instrument agité juste pour capter des
voix politiques et réviser la constitution. Je l’avais déjà démontré dans mon
autre papier, à 1000F par personne au mois, le Béninois moyen ne pourra pas souscrire à ce régime d’assurance maladie. Et
le pouvoir le sait bien !
Le transport local :
Le transport routier est quasiment inexistant
au Bénin ; c’est la loi de la jungle : le secteur est aux mains
d’opérateurs privés qui en font à leurs têtes. Même les nouveaux transports en
commun initiés par la ville de Cotonou sont de graves sources d’accidents et d
morts ; tellement les « chauffards » à bord conduisent à
tombeaux ouverts. Les accidents routiers sont comme une
prescription divine ou constitutionnelle à laquelle les conducteurs s’adonnent
sans soucis….Et pour cause, nos routes ! L’axe Akassato-Bohicon enregistre
par semaine plus de vingt (20) cas d’accidents les uns aussi mortels que les
autres. Et le pouvoir n’en dit rien ! Les autorités du pays (présidents
d’institutions, ministres, députés, et autres directeurs de société) empruntent
un contournement qui passe par Porto-Novo. Quant au président de la république,
ses déplacements internes se font par hélicoptère.
En somme, les
béninois vivent les mêmes angoisses et désespoirs que les brésiliens qui, eux
ont finalement eu le courage et la dignité d’envahir les rues pour crier leur
ras-le-bol. Pour exprimer leurs soifs et leurs besoins…. Leur envie d’une cité
mieux gérée où l’être a une place digne du nom.
Mais nous ? Même
humiliés jusque dans la moelle, nous continuons à danser et à chanter pour le
« roi » ; nous continuons à donner à l’ennemi de ce peuple les
armes et les moyens de nous abrutir ; de nous aliéner à vie et à installer un
système partisan qui ruinera des régions et des Hommes de ce pays, des
décennies durant. Tout cela parce que maintenant, certains d’entre nous
trouvent leurs « comptes » dans la
pagaille et les crimes en cours ! Certains de nous, pour les prébendes et
les miettes à gagner de Yayi sacrifient le pays, le plus grand nombre.
Béninois mes
frères ! Béninoises mes sœurs ! Ce bel exemple de résistance qui nous
vient de si loin est, à mon sens, le seul moyen pour nous d’arrêter le
népotisme absolu ; le totalitarisme vulgaire et puant, le populisme
minable et ridicule, ainsi que la
prédation de nos entreprises publiques et autres patrimoines par un clan
d’opportunistes qui nous agitent la bible et Dieu auxquels ils ne savent rien.
Donnons nos
poitrines à frapper; nos têtes à écraser; nos sangs à répandre sur l’asphalte bref,
risquons nos vies pour le pays et les générations à venir, à l’image de ces
Brésiliens qui démontrent qu'ils ne sont pas que capable d'être les meilleurs au foot!
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