Bonjour mon capitaine,
Je me permets de vous adresser cette lettre ouverte parce que je vois que mon pays s'enfonce dans l'aventure et que je ne peux pas me taire.
Mon capitaine, vous avez pris le pouvoir parce que vous étiez mécontent, comme beaucoup, mais surtout parce que vous aviez des armes. Ce qui est d'ailleurs le cas des rebelles du Nord. Ils étaient mécontents et ils ont des armes. Ils les ont retournées contre leur pays. Aujourd'hui, leur mécontentement est devenu une revendication politique : la partition du Mali.
Mon capitaine, votre mécontentement est malheureusement en train de changer de nature. Il provoque une confusion politique qui coupe le Mali du reste du monde.
Mon capitaine, j'observe que, pro ou anti coup d'Etat, tout le monde est unanime pour dire que vous n'êtes pas une mauvaise personne. Mais ça ne donne ni la légitimité, ni les connaissances qui permettent, au XXIe siècle, de diriger le pays.
Mon capitaine, la plupart des gens qu'on entend très fort, qu'ils soient pro ou anti coup d'Etat, ne cherchent qu'une chose : attirer votre attention et se positionner pour le "partage du gâteau". Il ya quelques mois, beaucoup d'entre eux qualifiaient ATT de messie. Certains lui ont même proposé un troisième mandat. D'autres sont mécontents, parce qu'on leur a pris leur strapontin. C'est malheureusement une réalité de notre pays, une réalité que nous vivons tous, que vous vivez comme nous. Et quand les événements tourneront mal - il y a toujours un moment où ça tourne mal - ces mêmes personnes qui aujourd'hui vous encensent diront : "On l'avait bien dit, il n'écoute pas les gens".
Mon capitaine, je ne crois pas qu'un seul Malien soit fier de ce qui se passe aujourd'hui. Mais nous sommes tous responsables de la situation. ATT, vous, le citoyen lambda, moi…. J'imagine la pression sociale que vous devez subir. "C'est notre tour maintenant" vous diront la famille, les amis, les anciens proches et les nouveaux proches, tous les opportunistes que toujours le pouvoir attire. Ces sentiments destructeurs ont déjà dérouté du droit chemin des milliers de cadres compétents. Les liens familiaux et les passe-droits priment sur la compétence. La société elle-même n'a pas pris la mesure du chantier. La preuve. Nous tolérons la corruption quand elle est le fait d'un parent qui nous en fait profiter. Beaucoup d'associations et de partis politiques vous soutiennent aujourd'hui espérant tirer de ce soutien un maroquin, un strapontin, un avantage. L'impasse dans laquelle la situation nous met, les dangers qu'elle fait courir à la patrie, à nous tous, à vous même, c'est le dernier de leur souci.
Mon capitaine, des centaines de milliers de personnes comme moi n'ont pas besoin d'être ministres, députés, directeurs généraux, conseillers municipaux, ect…Nous savons travailler. Nous nous sommes assumés en créant les moyens de notre activité, des associations, des ateliers, des exploitations agricoles, des PME, des PMI. Nous sommes le cœur du dynamisme du Mali d'aujourd'hui. Nous sommes la vraie société civile. Nous appartenons à des familles politiques différentes ou même à aucune. Aux élections prochaines, nous ne voterons pas pour les mêmes candidats. Nous sommes souvent maltraités par le système. Mais nous n'avons pas souhaité le coup d'Etat. Nous voulons un Mali stable avec des repères intouchables quel que soit le problème. Le Sénégal vient de nous donner une leçon qu'aujourd'hui nous méditons tous dans la tristesse et l'angoisse du lendemain.
Mon capitaine, imaginez un homme qui change constamment de nom de famille. Pensez-vous que ses voisins lui feront confiance ? Sa propre famille lui fera-t-elle confiance ?
Un ami me disait hier, "l'eau versée ne peut être ramassée". C'est vrai. Mais nous pouvons sortir de cette impasse par le haut. Et la CEDEAO nous tend une perche. Elle n'est pas géniale comme solution, mais elle nous permettra de sortir rapidement de cette impasse. Vous. Nous. Le pays. Beaucoup de citoyens maliens de ma génération ou plus jeunes sont décidés à tout faire pour que le laisser-aller, la corruption, les injustices, le mépris de l'intérêt général n'aient plus droit de cité dans notre patrie. Là est la vraie force des idées que vous affirmez vouloir mettre en œuvre, pas dans la peur, ni dans les fusils.
Alioune Ifra Ndiaye
Mon capitaine, je ne crois pas qu'un seul Malien soit fier de ce qui se passe aujourd'hui. Mais nous sommes tous responsables de la situation. ATT, vous, le citoyen lambda, moi…. J'imagine la pression sociale que vous devez subir. "C'est notre tour maintenant" vous diront la famille, les amis, les anciens proches et les nouveaux proches, tous les opportunistes que toujours le pouvoir attire. Ces sentiments destructeurs ont déjà dérouté du droit chemin des milliers de cadres compétents. Les liens familiaux et les passe-droits priment sur la compétence. La société elle-même n'a pas pris la mesure du chantier. La preuve. Nous tolérons la corruption quand elle est le fait d'un parent qui nous en fait profiter. Beaucoup d'associations et de partis politiques vous soutiennent aujourd'hui espérant tirer de ce soutien un maroquin, un strapontin, un avantage. L'impasse dans laquelle la situation nous met, les dangers qu'elle fait courir à la patrie, à nous tous, à vous même, c'est le dernier de leur souci.
Mon capitaine, des centaines de milliers de personnes comme moi n'ont pas besoin d'être ministres, députés, directeurs généraux, conseillers municipaux, ect…Nous savons travailler. Nous nous sommes assumés en créant les moyens de notre activité, des associations, des ateliers, des exploitations agricoles, des PME, des PMI. Nous sommes le cœur du dynamisme du Mali d'aujourd'hui. Nous sommes la vraie société civile. Nous appartenons à des familles politiques différentes ou même à aucune. Aux élections prochaines, nous ne voterons pas pour les mêmes candidats. Nous sommes souvent maltraités par le système. Mais nous n'avons pas souhaité le coup d'Etat. Nous voulons un Mali stable avec des repères intouchables quel que soit le problème. Le Sénégal vient de nous donner une leçon qu'aujourd'hui nous méditons tous dans la tristesse et l'angoisse du lendemain.
Mon capitaine, imaginez un homme qui change constamment de nom de famille. Pensez-vous que ses voisins lui feront confiance ? Sa propre famille lui fera-t-elle confiance ?
Un ami me disait hier, "l'eau versée ne peut être ramassée". C'est vrai. Mais nous pouvons sortir de cette impasse par le haut. Et la CEDEAO nous tend une perche. Elle n'est pas géniale comme solution, mais elle nous permettra de sortir rapidement de cette impasse. Vous. Nous. Le pays. Beaucoup de citoyens maliens de ma génération ou plus jeunes sont décidés à tout faire pour que le laisser-aller, la corruption, les injustices, le mépris de l'intérêt général n'aient plus droit de cité dans notre patrie. Là est la vraie force des idées que vous affirmez vouloir mettre en œuvre, pas dans la peur, ni dans les fusils.
Alioune Ifra Ndiaye
SOURCE: Africultures-Murmure-lettre
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