jeudi 26 juin 2014

PARLEMENT BÉNINOIS: MANŒUVRES POUR SUPPRIMER LE DROIT DE GREVÉ AUX MAGISTRATS

Proposition de loi pour supprimer le droit de grève aux magistrats : Philippe Noudjènoumè parle d’ignominie.

Philippe Noudjènoumè, président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche et Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin s’est adressé aux députés au sujet de la proposition de loi visant la suppression de la grève aux magistrats. Pour lui, c’est une ignominie et le peuple béninois n’acceptera jamais cette descente aux enfers pour des intérêts inavoués.
Adresse  aux  députés à propos de la proposition de loi  portant interdiction du droit de grève aux magistrats.
Honorables Députés et chers compatriotes
Je viens de lire dans le quotidien « Fraternité  » en date de ce jour, 24 Juin 2014  » une proposition  de loi portant modification de l’article 18 de la loi n° 2001-35 du 21 février 2003 portant statut de la magistrature « .
Le nouvel article 18 proposé se formule ainsi qu’il suit :  » Les fonctions judiciaires sont incompatibles avec tout mandat électoral ou politique. Toute délibération politique est interdite au corps judiciaire. Les magistrats sont inéligibles aux assemblées politiques.
                        Les magistrats, même en position de détachement, n’ont pas le droit d’adhérer à un parti politique. Toute manifestation d’hostilité au principe ou à la forme du gouvernement de la République est interdite aux magistrats, de même que toute démonstration de nature politique incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions. Les magistrats ne peuvent se constituer en syndicat, ni exercer le droit de grève. Il leur est interdit d’entreprendre toute action concertée de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement des juridictions ou d’y participer.
Tout manquement par un magistrat aux dispositions du présent article est sanctionné par la mise à la retraite d’office « .
Et cette proposition de loi porte la signature de quarante-cinq députés allant des Gbadamassi Rachidi, Débourou Djibril, Chabi Sika Karim, Laourou Grégoire, Saka Lafia, Houssou Christophe, Akofodji Grégoire, etc. tous FCBE aux Malèhossou Yacoubou, Agoua Edmond, Domingo Cyriaque, Gnigla Venance de l’UN et divers autres. Des députés qui sont des élus du peuple !
A la lecture d’une telle proposition, j’en ai éprouvé un profond sentiment d’indignation à mon double titre de citoyen-constitutionnaliste et de Président de l’Alliance politique  » Convention Patriotique des Forces de Gauche « .
Messieurs les Députés et chers compatriotes
Je voudrais ici attirer votre attention sur les éléments suivants:
1°-Le magistrat est un citoyen comme tout autre jouissant de toutes ses libertés constitutionnelles, notamment celles prévues par les articles 25 et 31 de la Constitution et dans aucune Constitution démocratique, l’on ne saurait assimiler le corps magistral à celui des militaires naturellement confondu avec l’Exécutif.
2°- L’article 125 de notre Constitution dispose :  » Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir Législatif et du Pouvoir Exécutif. Il est exercé par la Cour suprême, les Cours et Tribunaux créés conformément à la présente Constitution ». Si en dépit de cette disposition formelle, les députés- pouvoir législatif- peuvent, par une loi modifier substantiellement les attributions -droits et devoirs- du pouvoir judiciaire, où serait alors l’indépendance de celui-ci ?  Que deviendrait  alors la séparation des pouvoirs ?  Des modifications du genre prévues par la présente proposition de loi ne relèvent pas d’une loi mais de la Constitution.
Messieurs les Députés et chers compatriotes,
La question essentielle qui est au centre du conflit actuel Exécutif-Magistrats est la sauvegarde ou non de l’indépendance de la Justice. Il s’agit de savoir quel est le sort que l’on réserve non seulement aux articles 25 et 31, mais également et surtout à cet article 125 de notre Constitution. Le Président de la République entend, en violation des textes réglementant la Corporation, nommer, comme bon lui semble, des Magistrats à ordre, des  » magistrats-patriotes  » à l’instar du groupuscule regroupé dans la fameuse AMAB pour dicter les décisions de justice. Et gommer ainsi l’indépendance de la justice et le principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs. C’est l’enjeu actuel du conflit en cours qui s’exprime par les grèves en milieu judiciaire.
Le Président YAYI veut avoir la Justice en mains. Et il est prêt à piétiner les articles 25, 31 et même 125 garantissant les droits des citoyens et l’indépendance de la Justice. Tel est l’enjeu.
Au lieu de se lever comme de vrais représentants du Peuple, des députés prennent le devant de cette croisade anti-démocratique, se font les instruments d’un pouvoir autocratique en faillite pour assassiner  les droits si chèrement conquis.
                        Hier ce fut le cas des douaniers ; aujourd’hui ce sont les magistrats, demain ce sera les médecins et hommes de la santé ainsi que les enseignants de tous niveaux, après demain, tout fonctionnaire et agent civil de service public.
Je n’accepterai jamais cette ignominie. Notre peuple n’acceptera jamais cette descente aux enfers pour des intérêts inavoués.
C’est dire que, si des Députés en dépit du bon sens et des intérêts supérieurs de notre Peuple, en dépit même des dispositions de la Constitution en vigueur, poursuivent ainsi dans la voie de la liquidation programmée de notre démocratie, ils répondront nécessairement un jour de leur crime. Et ce sera justice.
Cotonou le 24 Juin 2014
Signature illisible
Philippe NOUDJENOUME
Président de la Convention Patriotique des
Forces de Gauche
Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin


















PRESSION ET ACHARNEMENT CONTRE LES OPPOSANTS POLITIQUES ET LES SYNDICALISTES: JACQUES AYADJI "EN DANGER DE MORT"





Jacques Ayadji « en danger de mort » 

Le Secrétaire général adjoint du Syndicat national des travailleurs de l’administration des transports et des travaux publics (Syntra-Ttp) n’est plus en sécurité. Jacques Ayadji s’est dit persécuté. Il s’est confié au cours d’une conférence de presse tenue hier mercredi 25 juin à la Bourse du travail.

« Je suis en danger de mort. Mon engagement m’amène à un point difficile. Le pouvoir veut me couper la tête », a crié Jacques Ayadji hier face à la presse. A l’en croire, il est depuis peu l’objet d’une filature exécutée par deux véhicules aux vitres fumées ; des véhicules qui font souvent la ronde dans le quartier où il réside. « Je suis suivi… Je suis en train d’apprendre qu’ils veulent m’empoisonner et m’envoûter. Ils veulent m’empêcher de dénoncer les tares du régime en place », a-t-il alerté. L’ingénieur des Travaux publics a aussi déclaré être victime d’une persécution organisée par les hauts responsables du ministère des Transports et des travaux publics. Selon lui, le ministre des Transports Aké Natondé a cherché à retourner contre lui les autres membres du Syntra-Ttp. Ayant échoué dans toutes ses tentatives, le ministre a choisi d’affecter Jacques Ayadji dans une Direction se trouvant au cœur du quartier Zongo (Cotonou). « Ils cherchent à me nuire physiquement en m’envoyant dans une zone réputée non sécurisée. Mais je n’ai pas peur. J’ai accepté de servir l’Etat partout où besoin sera », a-t-il laissé entendre.
Opposition Natondé-Ayadji

A l’en croire, sa mésaventure de ces derniers mois a commencé suite au remaniement ministériel intervenu en août 2013 au cours duquel le Chef de l’Etat a remplacé le ministre des Transports d’alors, Lambert Koty par M. Aké Natondé. « Avec le soutien des travailleurs du ministère des Transports, j’ai décerné un tableau d’honneur au ministre Koty lors de la cérémonie de passation de service. Je ne savais pas que je commettais le crime de lèse-majesté. Depuis ce moment, je n’ai plus de paix », a-t-il expliqué. « En octobre 2013, j’ai envoyé au Parlement une lettre pour dénoncer le scandale de la voie Akassato-Bohicon. Initialement estimé à 52 milliards F Cfa, désormais c’est à 107 milliards F Cfa qu’on veut reconstruire cet axe routier. Nous avions demandé aux députés de ne pas ratifier l’accord devant permettre de financer ce projet car c’est un scandale. Mais le ministre Aké a entrepris à l’époque de négocier avec le Secrétaire général du Syntra-Ttp pour l’amener à se désolidariser de la lettre envoyée par le Syndicat. Mais il a résisté », a informé Jacques Ayadji. Et de poursuivre : « En tentant de retourner le syndicat contre moi, le ministre voulait m’isoler et m’accuser de divulgation de documents administratifs pour me radier. Mais il a échoué ». Après cet échec, a fait savoir le conférencier, l’autorité ministérielle a poursuivi la chasse aux sorcières. 
En réaction au renvoi d’un Directeur technique du ministère, les travailleurs ont protesté. Dans une pétition ouverte par Jacques Ayadji, ils ont exigé les raisons du départ dudit responsable sans obtenir de réponses. Cette action des travailleurs du ministère touchait, à entendre Jacques Ayadji, l’image de M. Aké Natondé. Elle a détérioré davantage le climat existant entre les deux hommes. Un climat invivable lequel ajouté à l’engagement syndical et politique du conférencier, pouvait justifier selon lui le plan ourdi contre sa personne la semaine écoulée par le gouvernement. A l’entendre, alors qu’il était en France la semaine dernière, il a reçu un coup de fil l’informant d’éviter de prendre au retour par l’aéroport de Cotonou car il risquait d’être arrêté. Jacques Ayadji a confié avoir reporté son voyage tout en décidant de prendre un vol Paris-Cotonou. L’Ingénieur des travaux publics a informé avoir été accueilli à sa descente dimanche dernier à Cotonou par une foule de travailleurs. Il dira que cette mobilisation a empêché ceux qui lui en voulaient d’exécuter leur plan. « Une fois à la maison, on m’a appris qu’il y avait un ordre de m’arrêter qui a été annulé 45 minutes avant l’atterrissage de l’avion à bord duquel j’étais », a-t-il fait savoir. Et de conclure : « Ils comptent utiliser tous les moyens pour m’atteindre. Je subis des menaces… Mais ils n’ont encore rien vu, l’heure des déballages viendra ».

Source: le quotidien "Le Matinal" du 26 juin 2014

TENTATIVES DE SUPPRESSION DES LIBERTÉS SYNDICALES ET DE A GRÉVE A LA JUSTICE: MISSION IMPOSSIBLE OU DIFFICILE PUR LES EPUTES


 

Arracher à la justice béninoise son indépendance, est un vieux rêve du président de la République. Pour l’instant, il n’y arrive pas mais ne baisse pas les bras. La dernière idée en date de Yayi Boni, c’est de bannir le syndicalisme et la grève à la maison justice. Un projet qui fait du chemin à l’Assemblée nationale. Face à cela, c’est l’épineuse question de l’équilibre des pouvoirs qui menace la démocratie béninoise.

Après plusieurs échecs de tentatives de domestication du pouvoir judiciaire, le chef de l’Etat Yayi Boni n’est pas prêt à renoncer à ses manœuvres tendant à affaiblir la justice. Impuissant dans le bras de fer qui l’oppose à l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), il s’apprête à commettre l’une des plus grosses erreurs de sa présidence. Son plan consiste à faire voter une loi à l’Assemblée nationale pour supprimer les libertés syndicales et le droit de grève aux magistrats. Des libertés pourtant reconnues par la Constitution du 11 décembre 1990. Si le projet de loi portant interdiction du droit de grève était voté par l’Assemblée nationale, Yayi Boni aurait réussi un grand coup, lequel nuira non seulement à son propre camp, mais aussi au système démocratique. La façon dont le président de la république s’investit dans ce dossier afin de le voir aboutir n’est pas un bon signe pour l’Etat de droit. Il veille à exercer la pression sur les députés de son camp en mettant en jeu non seulement son influence sur certains mais aussi en les dotant de moyens pour l’accompagner. Il exige des parlementaires qu’ils collent à son projet en servant des arguments peu convaincants. En effet, la présidence de la République soutient que l’action de Yayi Boni vise à libérer les justiciables de l’otage des organisations syndicales de la justice et entre autres à donner des garanties aux investisseurs étrangers qui renoncent à apporter leurs capitaux au Bénin, du fait de l’appareil judiciaire constamment paralysé. Au cours de la Table ronde organisée du 17 au 19 juin à Paris par le gouvernement béninois, Yayi Boni a promis aux investisseurs qu’il va opérer des réformes au sein de la justice afin de la rendre plus opérationnelle. Il y a beaucoup de gens qui l’auraient applaudi si les réformes annoncées portaient sur les doléances des magistrats. A commencer par la correction des irrégularités contenues dans les dernières nominations au niveau des Cours et Tribunaux. Ensuite, il y a la question de la sécurité des magistrats. Egalement à l’ordre du jour, la revendication relative à la suspension des décrets querellés.
L’Assemblée nationale sous l’emprise de Yayi ?
Alors que ces questions sont restées sans solution satisfaisante, le chef de l’Etat a fait l’option de raviver la tension et d’exaspérer la colère des acteurs de la justice. Les nombreuses manœuvres visant à déstabiliser l’appareil judiciaire ayant rencontré une farouche résistance et l’affirmation des magistrats, le président de la République a cette idée de passer par l’Assemblée nationale pour atteindre ses objectifs et peut-être plus qu’il l’espérait au début. Dans sa nouvelle trouvaille, il met les députés au devant de la scène en orchestrant une stratégie législative, comme il a eu à le faire contre les Douaniers. Il a voulu rééditer l’exploit contre les organisations des syndicats des travailleurs, mais très tôt son projet a été rangé suite à des manifestations de colère qui ont été initiées par les leaders syndicaux. On peut comprendre que la loi interdisant la grève aux douaniers n’a pas subi le même sort, parce que ces agents de l’Etat sont avant tout des militaires qui ont le devoir d’obéissance, voire de soumission. Ce qui n’est pas le cas avec les magistrats encore moins les autres corps civils de l’Administration publique. D’ailleurs, l’Unamab et les Centrales syndicales font une déclaration commune ce jour à la Bourse du travail pour dénoncer cette initiative du régime en place. C’est dire que ce dernier verra sur son chemin tous les travailleurs aux côtés des magistrats s’il ne renonce pas à ce projet plus que jamais controversé. C’est un signal fort que donnent ces regroupements syndicaux pour montrer à Yayi Boni qu’il se trompe en voulant adopter la même politique pour arrêter les mouvements de paralysie au niveau du secteur de la justice. On se demande si le président de la République ira jusqu’au bout dans cette nouvelle aventure alors même qu’il tente de courtiser la justice au lendemain de la Table ronde de Paris. Aucun président parmi ses prédécesseurs ne s’y est essayé, pas même à un bras de fer. Pourtant, ils avaient une majorité à l’Assemblée nationale. Le problème de Yayi Boni, c’est de croire qu’il peut utiliser l’étendue de son pouvoir et sa majorité parlementaire pour asservir les institutions de la République et désarticuler les piliers de l’Etat de droit. Le problème également de l’autre côté, c’est que les Institutions de la République ne réussissent pas à l’arrêter dans ses dérives. On les soupçonne de se livrer à des relations de copinage voire de connivence avec l’Exécutif, alors que la Constitution du 11 décembre 1990 a prescrit la séparation des Pouvoirs. Dans cette dernière dérive en date qui est dirigée contre l’Etat de droit, on se demande si les députés qui se montrent déjà favorables à l’idée de Yayi Boni ont intérêt à le soutenir. On se demande si l’Assemblée nationale succombera à la pression du chef de l’Etat pout lui permettre une fois encore de déséquilibrer les pouvoirs.
Entre soutien et opposition
Selon nos indiscrétions, pendant que ces questions sont parfaitement d’actualité, certains parlementaires de la majorité présidentielle rechignent devant ce projet du chef de l’Etat. La Commission des lois dirigée par Hélène Aholou Kêkê, avocate de carrière qui reste un baron de la majorité parlementaire, montre qu’elle a une décision difficile à prendre. Jouant un rôle clé dans la préparation des lois à soumettre à la plénière, sa réticence à sortir le texte de son couvent est un signe de méfiance vis-à-vis du président de la République. On se souvient qu’elle n’avait pas permis l’étude du projet de loi portant révision de la Constitution déposé par Yayi Boni à l’Assemblée nationale. En son sein, des proches du président de la République ne sont pas prêts pour soutenir le projet s’il n’était pas considérablement modifié. En revanche, d’autres tout comme bon nombre de députés de la majorité apportent leur entière adhésion à l’initiative. Quant à l’opposition parlementaire soutenue par des collègues en phase avec le régime, ce sujet n’est pas à l’ordre du jour. Face à tout cela, une question : A quel point Yayi Boni va-t-il faire pression sur l’Assemblée nationale jusqu’à l’adoption de cette loi ? En attendant de voir les choses évoluer dans ce sens comme dans l’autre, il faut indiquer au président de la République que l’aboutissement de son projet ne règlera pas la situation. Bien au contraire, son régime se retrouverait confronté à un problème sociopolitique plus grave que celui d’aujourd’hui : cela pourrait nuire aux candidats aux différentes élections, aggraver le surpeuplement des prisons, favoriser l’abandon des dossiers pendants devant la justice, occasionner le boycott des assises. Yayi Boni va-t-il tenter d’aller jusqu’au bout et risquer de voir la situation du pays aller de mal en pis ? En tout cas, Michel Adjaka, président de l’Unamab, puissant syndicat au sein de l’appareil judiciaire a prévenu sur les risques que comporterait l’entêtement du chef de l’Etat à priver sa corporation des libertés syndicales et de grève. Faut-il le rappeler, le projet de loi en question tend à supprimer purement et simplement ces droits constitutionnels aux magistrats. Au lieu de les encadrer. Autrement dit, les intentions du roi du Palais de la Marina vont au-delà de ce que l’Assemblée est prête à accepter.

Fidèle Nanga
source: le quotidien "Le Matinal" du 26 juin 2014 

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Le jeu dangereux de Yayi 1er !
Boni Yayi continue de jeter ses poulains dans l’arène  pour  brouiller les pistes. En fin de mandat, le roi obsédé  par  le trône,  met en scène ses guignols. Le dernier numéro ennuyeux fut exécuté par Komi Koutché, ministre de la communication, qui traîne évidemment les symptômes de la servitude politique. Le porte parole du gouvernement cauri n’a pu éviter la cadence archaïque et anachronique  lors  d’une exhibition  ringarde à  Bembèrèkè  où il  lâcha  une des phrases les plus vicieuses de l’ère de la pseudo-refondation. « Boni Yayi n’a encore choisi personne » éructait  Komi dans sa rhétorique évasive  sur la succession  de son mentor.
Traumatisé par les percées apparentes du potentiel candidat Gbian  dans le septentrion, Yayi fait enfiler à Komi les loques du soldat indigent embarqué dans la bataille pour l’endiguement de la poussée  de l’ennemi.  Certes, l’ancien Directeur du Fonds national de la micro-finance propulsé a la tête de la communication et des technologies de l’information et de la communication, a le profil pour le job  avilissant  de griot sans âme. Mais en se coltinant la parole polluante, il amplifie le doute  que dégage  Yayi  sur 2016.  Avec  sa carapace immature, Komi a rejoint la galerie  des  prédateurs de la démocratie  utilisés par le roi  pour ses ballons d’essai sur  son  fameux  projet  de record de longévité  au  pouvoir. Komi  a  vendu la  mèche  en  dévoilant  le secret  des couvents  cauris sur les résolutions  du roi qui, à  moins de deux ans  de la fin de son règne, « n’a  encore choisi personne ». Que mijote alors Yayi ?
Ce n’est pas la première fois que les lèche-bottes du roi  remuent leur langue servile pour souiller  leur propre dignité. Le florilège des  gaffes est énorme. En déficit  de scrupule, Benoit Dègla jurait que «Boni Yayi restera au pouvoir après 2016». Même  éjecté  du gouvernement, l’ancienne vedette perdue de l’opération  « Djakpata »  répète inlassablement  ses incantations infécondes prononcées  dans le sillage obsessionnel  du   grand maître cauri  condamné à la phobie de  fin de mandat.  Coincé  dans ses hallucinations  du pétrole, le ministre autoproclamé  du sous-sol,  le boute-en-train  Barthélémy Kassa  a, lui, explosé les frontières des incongruités avec un tournoi  au nom de baptême pernicieux : « Yayi Boni 2016 ».  Cette inspiration n’est pas anodine  surtout  que  l’agité  de  la grotte  tient  une complicité sans répit avec  le roi.  Le délire  politicien  a  donc  été  assumé  par  procuration.  Aké Natondé avait  plus tôt  annoncé les couleurs  en servant sur un plateau de télévision  une  réponse  à valeur d’aveu à des journalistes qui  l’interrogeaient  sur son éventuelle candidature en 2016 : «Est-ce que celui qui est là (Yayi), vous a dit qu’il est fatigué ?». C’est la démocratie selon  Aké.  Inculture ou allégeance politique ?  La navigation insensée a permis au Yayiste laudateur, son retour au gouvernement  et l’exploit d’arracher le portefeuille de son frère ennemi de la région d’Agonlin.
La stratégie du roi est connue : laisser  aux valets  du système, les « chiens » du chenil cauri, le soin d’aboyer pour assurer les fantasmes  de leur propriétaire.  La logique de Yayi  se construit  sur  sa volonté inoxydable de prendre la Marina  en otage et de  briguer  l’impossible  troisième mandat malgré la parole donnée notamment au Pape  Benoit XVI  et à  Obama.  L’intensification du populisme contredit les promesses  de départ  rabâchées  lors  des randonnées royales.  Avec l’éther  de la politique  des faux -semblants, Yayi tente d’anesthésier  l’opinion publique. Les épisodes démagogiques devant les jeunes et l’anecdotique pardon  combinés à  des choix fallacieux, servent de nouveaux leviers à un homme ruiné par sa gouvernance catastrophique. Au bord  de l’abime,  Yayi  n’abdique pas et nie l’évidence. Et  son agenda  politique obscur  sert de support  à  ses velléités  négatives sous  le contrôle  de l’instinct ravageur.
Sur la question de la succession du roi, le récent  bavardage  de l’excité Komi  a le mérite de révéler  les envies  diaboliques partagées dans la mouvance Yayi.  Dans le flot de paroles, le ministre logé dans  les bottes de sa majesté, a  lâché  le  morceau.  Yayi  organise  déjà  sa propre résistance pour espérer  continuer le job en 2016. Mais le rêve de Komi peut tourner au cauchemar. La fin de règne est  inexorablement proche. Le 06 Avril 2016, un nouveau jour se lèvera et on tournera, en chantant et en dansant, la page Yayi. Définitivement. 
 Sulpice Oscar Gbaguidi

ENTRETIEN DE CHRISTOPHE BOISBOUVIER AVEC LE PRÉSIDENT YAYI BONI SUR RADIO RFI: QUE RETENIR DE TOUT CE BLABLA?

24 juin 2014
: Partir ou ne pas partir:L’éternel dilemme de Yayi Boni

Christophe Boisbouvier a reçu comme invité politique lundi 23 juin 2013, le Chef de l’Etat béninois Yayi Boni. L’entretien portait sur les suites de la table ronde organisée à Paris par le gouvernement béninois. Il y a été également abordé d’autres thèmes sur l’actualité, notamment l’épineuse et sibylline question de la révision ou non de la Constitution du 11 décembre 1990.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Yayi Boni n’a pas voulu s’éterniser ou épiloguer longtemps sur la question de la révision de la Constitution. Sa réponse a été brève et hyper-laconique. Mot pour mot, il a répondu ceci : « Ils sont libres de le dire, j’ai une conscience, je me suis exprimé à maintes reprises sur cette question. Je sais lire la Constitution, je suis allé à l’école, si on veut m’aider c’est (en faisant en sorte) que je puisse absolument achever mes responsabilités dans le délai imparti. Et ce délai, tous les Béninois, la communauté internationale, le connaissent ». Il ne se pose pas ici la question du crédit qu’il faut accorder à la parole de Yayi Boni. Depuis huit ans, nous avons connu pirouettes et girouettes de toutes sortes. Ce n’est pas nouveau. Tout au plus, peut-on dire que le président semblait un peu agacer par la question. Peut -être qu’elle revient trop dans le débat politique, et dans les arènes de discussion et sur les réseaux sociaux. Peut-être que lui-même semble plus préoccupé par la fin de son mandat et sa sortie prochaine, plus qu’il n’en a l’air. C’est donc un fait nouveau. Mais le plus important, c’est que Yayi Boni désormais met sa « conscience » en jeu et semble prêt à partir. Soit ! Il ne faut peut-être pas s’éterniser outre-mesure sur ce que vaut la « conscience » des hommes politiques. Cependant, si tant est que le Chef de l’Etat béninois est prêt à laisser le crachoir, il y a des préalables. Des gages qu’il faut qu’il donne à ce peuple qu’il l’a élu en 2006. Car au fond, le président n’a de compte à rendre à personne. A part ceux qui l’ont élu, et à sa propre conscience.
Un cafouillage entretenu
Au nombre de ces préalables, la sempiternelle question de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). La fera-t-on ou ne la fera-t-on pas ? C’est la grosse interrogation à laquelle les béninois souhaiteraient avoir une réponse claire et nette. Bien malin qui, à l’étape actuelle, pourrait y répondre. Les propos de Yayi Boni sur Rfi lundi matin, pour avoir un peu de crédibilité, devraient trouver aussi leur réponse là. Le devoir d’un chef de l’Etat sur le départ, n’est peut-être pas de s’assurer un bon héritage parmi ses pairs politiciens. Mais, il doit laisser les outils nécessaires pour parfaire l’Etat, ou pour continuer son développement. Le jeu flou que les politiciens ont aujourd’hui instauré autour de la Lépi n’honore personne. Et à moins de laisser le pays dans les plaies et les larves du sous-développement, il faut trouver les moyens d’organiser à temps ces élections qui ont été trop retardées. Avec ou sans la Lépi, malgré les réticences des esprits frileux. Car, en son temps, si les uns et les autres avaient écouté et entendu raison, cette « Lépi bâclée » et peut-être « inexistante » ne serait plus objet de polémiques. Hélas !
Oublier la révision de la Constitution
Tout ce cafouillage rentrait peut-être dans la ruse de Yayi Boni pour avoir son « second » mandat. C’est peut-être de bonne guerre. Mais il faut maintenant circonscrire le mal. Et penser à l’après Refondation. L’autre préalable, c’est la question de la révision de la Constitution. Pourquoi, se demandent bon nombre d’observateurs, tient-il tant à réviser la Constitution ? Si tant est qu’il veut vraiment partir. L’entretien de Rfi revient en écho comme des paroles jetées en l’air, juste pour endormir, ou pour gagner du temps. En attendant que le vent ne tourne dans un sens favorable. Un gage sûr, ce serait retirer le projet de révision et passer à autre chose. Ce serait pertes et profits. A l’instar du « pardon » dans l’Affaire Patrice Talon, un retrait du projet de révision de la Constitution va apaiser les tensions qui couvent. D’autant plus que avec deux mandats de cinq ans, l’équipe au pouvoir à eu tout le loisir et toute la latitude de faire ses preuves. Il faut donc donner la possibilité à d’autres Béninois de faire leurs preuves et de donner la mesure de leurs talents.

Wilfrid Noubadan
source: Le quotidien "Le Matinal"

mardi 17 juin 2014

LE PATRONAT BENINOIS NE SERA PAS A LA TABLE RONDE ORGANISE PAR LE GOUVERNEMENT BÉNINOIS A PARIS


: Bénin : le patronat boycotte la table ronde de Paris 

Le Conseil National du Patronat du Bénin (Cnp-Bénin) ne participera pas à la table ronde économique qu’organise le gouvernement de Boni Yayi du 17 au 19 juin à Paris. Dans un communiqué en date du 10 juin et signé de son président, Sébastien Ajavon, le patronat donne les raisons de ce boycott.

COMMUNIQUE DU CNP-BENIN
Le Conseil National du Patronat du Bénin a été informé que le gouvernement du Bénin organise une Table Ronde pour attirer des investisseurs au Bénin. Prévue pour se tenir à Paris les 17, 18 et 19 juin 2014, la table ronde intervient à un moment où des questions cruciales se posent au monde des affaires du Bénin, notamment :
- La question du respect des engagements de l’Etat et du respect des décisions de justice,
- La question de la représentation du secteur privé. Le Conseil National du Patronat du Bénin, après analyse de l’environnement juridique des affaires au Bénin, a constaté que :
- l’Etat béninois ne respecte pas ses engagements contractuels vis-à-vis des entreprises béninoises.
- Met à mal par ses actions quotidiennes, l’indépendance de la justice et refuse délibérément d’exécuter les décisions de justice qui lui sont défavorables, et ce en violation de la Constitution du 11 décembre 1990. Le CNP BENIN n’en veut pour preuve que la sentence arbitrale récemment rendue par la Cour Commune de Justice Arbitrale de l’OHADA, dont le traité a été régulièrement ratifié par la République du Bénin. Il est inconcevable qu’un Etat remette en cause un traité qui a une valeur supérieure aux normes juridiques intérieures, y compris la constitution.
- A cela il faudra ajouter les pressions sous diverses formes auxquelles les hommes d’affaires béninois font l’objet, sans oublier le Partenariat Public Privé dont les conditions de création n’ont jamais été mises en œuvre par le pouvoir exécutif. Par rapport à la question de la représentativité du secteur privé du Bénin à la table ronde de Paris, le gouvernement du Bénin qualifie l’établissement public qu’est la chambre de commerce et d’industrie du Bénin (CCIB) de structure faitière du secteur privé. Le Conseil national du Patronat du Bénin, regroupement syndical libre des entreprises privées du Bénin, affiliée à l’OIE (Organisation Internationale des Employeurs), affirme que la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin est un établissement public au service des entreprises. La CCIB n’est pas une institution du secteur privé.
Au regard de ce qui précède, le Conseil National du Patronat du Bénin porte à la connaissance de la communauté nationale et internationale que la table ronde de Paris ne saurait être la solution aux problèmes économiques du Bénin dans le contexte actuel. En tout état de cause, les instances dirigeantes du CNP BENIN ne seront pas concernées par les présentes assisses. Toutefois, les entreprises, membres du CNP-Bénin sont libres d’y participer individuellement.
Fait à Cotonou, le 10 juin 2014
Le Président du Conseil National du Patronat du Bénin

Sébastien AJAVON

BLOCAGE DES ELECTIONS AU BÉNINE ALTERNATIVE-CITOYENNE APPELLE A LA MOBILISATION DE LA CLASSE POLITIQUE

Communiqué
Alternative citoyenne
Par décision Dcc 14-103 du 27 mai 2014, la Cour constitutionnelle décide qu’« il n’y a pas violation de la Constitution » par le Gouvernement et le Cos-Lépi en ce qui concerne le retard dans la fixation de la date des élections municipales, communales au motif que l’organisation de ces élections est subordonnée à l’achèvement du processus de correction et de l’actualisation de la Lépi et « qu’en l’absence de ce préalable, la Cour ne saurait ordonner au Président de la République la convocation du corps électoral pour les prochaines élections communales et municipales ».
Le Parti Alternative citoyenne prend acte de cette décision qui confirme la jurisprudence affirmée par la décision Dcc 10-049 du 5 avril 2010.
Alternative Citoyenne tient néanmoins à souligner que si le maintien de l’expérience démocratique et la protection des droits y attachés par tous les citoyens relèvent de la sagesse des animateurs des Institutions de la République, leur sort dépend également, et dans une mesure élevée, de la vigilance des forces politiques et des citoyens. La période que traversent le Bénin et certains Etats africains exige de la part des partis politiques et de la société civile d’accroître leur vigilance. C’est faute par chacun d’agir positivement et de manière constructive en vue du progrès démocratique nécessaire que les évolutions espérées par chacun sont, parfois, anéanties par des révolutions dont nul n’a le contrôle.
Par ses décisions, la Cour semble avertir les forces politiques et le peuple tout entier que le respect des échéances électorales et de nos promesses démocratiques ne procèderont que de l’établissement d’un rapport de force politique qui y est favorable.
Ce sont des situations de blocage de ce type qui créent les paralysies institutionnelles et provoquent les crises sociopolitiques dont nous ne voulons pas dans notre pays.
Si la situation de blocage créée par le non-achèvement du processus de correction et d’actualisation de la Lépi perdurait jusqu’en 2016, il suffit de se référer à cette jurisprudence constante de la Cour pour connaître le sort des prochaines échéances électorales. Alternative Citoyenne appelle une fois encore à la concertation immédiate des forces politiques et sociales favorables à la sauvegarde des acquis démocratiques dans notre pays en vue d’analyser les véritables conséquences de cette décision de la Cour constitutionnelle et de proposer les actions qui s’imposent.
Cotonou, le 12 juin 2014
Le Président,
Professeur Roch Gnahoui David

mardi 10 juin 2014

MAINTIEN DE YAYI BONI AU POUVOIR APRES 2016: QUI DE BRUNO AMOUSSOU ET ILLASSA DIT LA VÉRITÉ?

10 juin 2014
Bénin : Amoussou ne serait pas contre un 3ème mandat de Yayi ! Des hallucinations répond-il

Le Président Bruno Amoussou séjourne depuis quelques jours à Lyon. Son épouse a été récemment opérée dans un hôpital lyonnais par le Docteur Hugues Gandaho, le célèbre neurochirurgien béninois. C’est lors de ce séjour que Bruno Amoussou s’est prononcé, en privé, sur l’actualité nationale. Le célèbre politicien béninois n’est pas du tout tendre avec ses compagnons du reste résiduel de l’Union Fait la Nation.

Pour l’ancien Président de l’Assemblée nationale et plusieurs fois candidat malheureux aux élections présidentielles, la jeunesse béninoise n’est pas prête à assumer le pouvoir suprême. Pour justifier son constat, Bruno Amoussou qui a préféré Boni Yayi à Adrien Houngbédji au second tour du scrutin présidentiel de
2006 (il fut l’un des piliers du fameux groupe Wloguèdè) n’hésite pas à peindre en noir ses jeunes collègues de l’Union Fait la Nation.
Lazare Sehoueto
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Bruno Amoussou dit de lui que malgré son passage au gouvernement à travers deux portefeuilles ministériels, il manque de poigne et de sens politique. Eric Houndété qui n’a jamais occupé de poste ministériel serait plus pugnace et plus dynamique que lui.
Eric Houndété
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Pugnace et dynamique certes mais pas assez au goût de Bruno Amoussou pour prétendre à la magistrature suprême. Il se la jouerait trop perso sans aucun esprit d’équipe. Donc incapable de drainer les populations autour de son nom.
Emmanuel Golou
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Pour Bruno Amoussou, le patron du Comité Afrique de l’Internationale Socialiste peine à s’affranchir de sa tutelle. « Je lui ai pourtant ouvert mon carnet d’adresses et mon réseau à l’international » mais il n’a aucune envergure pour prétendre diriger le Bénin. Très peu connu au Bénin selon Bruno Amoussou, Emmanuel Golou n’a aucun charisme et se terre dans son costume d’intello froid, pas du tout habile.
Dans ces conditions, pour Bruno Amoussou, au lieu de préférer un jeune inconnu et pas du tout formé, il vaut peut-être mieux accorder un troisième mandat à Boni Yayi.
Bruno Amoussou n’est pas à sa première provocation près. On se souvient qu’en 2008, à propos de la lutte contre la corruption, il n’a pas hésité à dire à travers un calembour devenu célèbre : « Hier, on se servait de la cuillère à café pour manger. Sous Yayi, on se sert de la louche ». 
On pourrait opportunément rappeler à Bruno Amoussou que son champion, Boni Yayi, était aussi inconnu des béninois avant d’être élu Président de la République au nez et à la barbe des politiciens qui se croyaient chevronnés et invincibles !!!
Encore et toujours Illassa de service !
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J’ai entrepris un voyage à l’étranger depuis le début du mois de Mai. L’occasion ne m’a pas encore été donné de m’exprimer, en privé comme en public, sur quelque sujet que ce soit relatif au Bénin encore moins sur la situation politique nationale ou sur les perspectives électorales de l’Union fait la Nation. Monsieur Illassa ne peut donc jamais indiquer le lieu et les auditeurs de mes confidences qu’il rapporte. Aussi me suis-je plutôt investi dans la connaissance des objectifs qu’il poursuit, dans l’identification de ses commanditaires, dans la collecte et l’analyse des réactions. Cela demande du temps. Il m’a fallu aussi rechercher les stimulants qui ont pu provoquer dans son cerveau ce qui relève d’un délire avancé.
Dans cet état, Monsieur Illassa n’a pu camoufler longtemps ses vraies motivations ni rester dans la posture de contournement que ses maîtres lui ont recommandée. D’avoir colporté les ridicules déformations gouvernementales de l’allégorie de la cuillère à café et de la louche, au sujet de la corruption dans notre pays, indiquait une des pistes à explorer. Il s’est d’ailleurs abstenu de citer exactement mon discours d’ouverture, écrit et publié, lors de la "Sortie politique de l’Union fait la Nation" à Abomey en novembre 2008. J’y indiquais que, sous tous les régimes y compris lorsque j’assumais des responsabilités, la corruption a existé dans notre pays. Elle se traduit par un prélèvement illégal et sans cause sur le Revenu national. L’intensité de cette ponction peut relever de la cuillère à café ou de la louche ou du godet de tractopelle. Dire cela n’a rien à voir avec les auteurs de ce festin criminel auquel tous les responsables ne prennent point part. J’affirme, depuis des décennies, n’y avoir jamais participé et j’attends toujours mes contradicteurs que la rumeur ne saurait remplacer. 
Pour le reste, je me réjouis du fait que peu de personnes aient cru aux affabulations de Monsieur Illassa. Ce faisant, elles ont rendu hommage à la constance politique de l’Union fait la Nation et à ses dirigeants. Lors de mes investigations, les circonstances m’ont conduit très vite sur de bonnes pistes. La personnalité de Monsieur Illassa y a contribué. J’avoue avoir éprouvé une véritable jouissance à découvrir et à détricoter les éléments de cette phase de la stratégie de révision de la Constitution pour maintenir le Président Boni Yayi au pouvoir. Mieux qu’auparavant, je connais les principaux acteurs de cette entreprise funeste. Ils se flattent de leurs expériences en matière de manipulation de l’information et de responsables politiques. J’admire leur naïve assurance qui ne tient pas compte de l’histoire politique récente de notre pays. Leur référence constante à la tentative du Président Kérékou en 2006 prouve leur ignorance des véritables causes de son échec et des évolutions politiques intervenues depuis cette année là.
Ce fut déjà leur référentiel lors du dernier remaniement ministériel. Comme en 2005, tous ceux qui éprouvaient des démangeaisons présidentielles ont été expulsés ; des personnalités susceptibles de rallier une partie de l’opinion ont pris place : députés supposés en phase avec leur électorat, agents de propagande talentueux. L’indicateur de performance des ministres n’est plus la résolution des problèmes des populations mais la capacité d’agitation des foules. Les portefeuilles sont attribués en fonction des moyens de l’Etat disponibles pour soutenir les activités politiques. Chaque membre du gouvernement revêt l’habit de commissaire politique d’une zone qu’il pourvoit en ressources humaines par les nominations de personnel et en ressources financières par des voies illégales.
C’est à l’aboutissement de ce cheminement que des forces politiques et sociales avaient fait barrage en 2006. Dans ce combat, j’avais joué une partition qui me valut, à un moment donné, le titre flatteur de "premier opposant au régime" selon les déclarations de Joseph Tamégnon, rapportant, à la télévision nationale, les propos des émissaires du Président Kérékou auprès de la RB. Quelle motivation pourrait m’amener à changer de position politique s’agissant du Président Boni Yayi après plusieurs années de combat pour la sauvegarde de la démocratie ? Aujourd’hui plus que jamais, je reste déterminé à rééditer cet engagement pour préserver la stabilité de nos institutions et la paix dans notre pays. Le Chef de l’Etat le sait depuis toujours. Dans cette bataille, l’Union fait la Nation joue le rôle de peloton de tête des forces qui s’opposent au déclin de notre image, à la ruine de notre économie et à la privatisation de Etat au profit d’intérêts personnels.
Qu’elle fasse l’objet de toutes les manœuvres ne peut donc surprendre. Qu’on veuille la déstabiliser, par des stratégies de contournement, participe de la même logique. Il s’agit aussi, au passage, de tenter de décrédibiliser ses dirigeants. Certains des stratégistes de Boni Yayi n’en sont pas à leur première édition. Les mêmes étaient au commande des sales besognes en 2006. Le Président Boni Yayi ferait mieux de préparer sa sortie en consacrant ses efforts à la restauration de la cohésion nationale et de la crédibilité de notre pays.
La fierté de l’Union fait la Nation, c’est de recéler plusieurs personnalités qui peuvent prétendre diriger le Bénin pour le bonheur de ses citoyens. Former et promouvoir des dirigeants politiques avertis a toujours orienté ses activités. Que ses adversaires ressentent le besoin de lancer l’assaut contre ses potentiels candidats est la preuve du succès de l’entreprise. Ils se présentent comme leurs défenseurs pour mieux les détruire. Embrasser, non pas pour caresser mais pour mieux étouffer, est une tactique politique bien connue. L’inquiétude de nos adversaires, qui transparait à travers les hallucinations de Illassa, doit amener nos prétendants à la fonction présidentielle à s’investir davantage dans le renforcement de l’Union et de la cohésion de ses dirigeants, à amplifier le dialogue avec les militants, les populations et toutes les organisations démocratiques.
Il est heureux de constater que l’offensive des forces du déclin contre l’Union fait la Nation stimule l’engagement des militants, valorise notre démarche et élargit l’influence de l’organisation et donne à la jeunesse des raisons d’espérer. Mieux, elle appelle la constitution d’un vaste mouvement de résistance pour la défense des intérêts vitaux de notre peuple.
Illassa, sur commandement de ses chefs, a tiré les premières salves. Plusieurs assauts d’envergure se préparent contre l’Union fait la Nation et contre les forces patriotiques ;
Il est temps de préparer l’avenir ;
Ne nous laissons pas dicter le calendrier par les sortants qu’il faut absolument sortir ;
Restons éveillés car la victoire appartient au peuple vigilant.

Par Bruno Amoussou

DÉBOULONNEMENT ET DÉMOLITION DES OPÉRATEURS ECONOMIQUES NATIONAUX PAR LE RÉGIME DU RÉSIDENT YAYI: VOICI ENFIN LE CAS SAMUEL DOSSOU APRES CEUX DE TALON ET ADJAVON

10 juin 2014
Interview du député Claudine Afiavi Prudencio sur le projet Epine dorsale : « Yayi Boni a décidé de léser l’homme d’affaires Samuel Dossou-Aworêt » 

Après plusieurs semaines d’observation sur le projet Epine dorsale, l’une des responsables du groupe Petrolin, concessionnaire de droit, Claudine A. Prudencio, a rompu le silence. Dans cette interview exclusive accordée à votre journal, elle fait la genèse du projet et relève les contrevérités dans ce dossier. Selon ses déclarations, en confiant les travaux de réfection de la gare centrale de l’Ocbn au groupe Bolloré, le chef de l’Etat a décidé de léser l’homme d’affaires béninois Samuel Dossou-Aworêt, initiateur et concepteur dudit projet que le gouvernement Yayi Boni essaye aujourd’hui de lui dérober au profit d’un étranger.

Honorable Claudine Afiavi Prudencio, depuis le mardi 03 juin 2014, les travaux de réfection de la gare centrale de l’Ocbn ont démarré avec le Groupe Bolloré, alors que les Béninois attendaient sur la ligne de départ le Groupe Petrolin dirigé par un compatriote. Qu’en est-il au juste ?
Avant de répondre à cette question, il est important de faire la genèse du dossier « Epine Dorsale ». Un exercice d’autant plus aisé pour moi qu’il s’agit d’un dossier que j’ai suivi depuis 2006 – année de l’élection du Président Boni Yayi- avant d’être nommée Ministre et être élue Député. En effet, le Président de la République, après son élection, a appelé Monsieur Samuel Dossou-Aworet depuis Lomé, pour lui demander de lui venir en aide afin de relancer l’économie béninoise. Pour mémoire, suite à son investiture, le Président Boni Yayi a créé le Conseil Présidentiel de l’Investissement dont M. Samuel Dossou-Aworet est membre. Ce dernier s’est toujours montré disponible pour aider le Chef de l’Etat à trouver des solutions aux problèmes économiques du pays. C’est dans cette logique et avec cette perspective, qu’il a conçu lui-même le projet « Epine Dorsale de Développement Intégré de l’Economie Béninoise ». Il a présenté personnellement ledit projet au Chef de l’Etat et a emporté l’adhésion totale de ce dernier sur ce projet. Le Président Boni Yayi lui a ainsi donné carte blanche pour réaliser rapidement le projet.
Ce projet initial avait quel contenu ?
Le projet a plusieurs composantes. Il s’agit d’un réseau d’infrastructures à cinq composantes indépendantes, à savoir :
- un Port pétrolier et minéralier en eau profonde à Sèmè Podji ;
- une ligne ferroviaire avec écartement standard reliant le Port de Sèmè à Cotonou, Parakou, Dosso et le Niger ;
- autant de Ports secs que de besoin pour desservir diverses zones de la sous-région, notamment les Ports secs de Parakou et de Dosso ;
- un aéroport international à Sèmè Kraké situé à la frontière sud Bénin-Nigeria bien positionné pour drainer les trafics d’affaires et de fret du sud du Nigeria et du Bénin ;
- des installations et infrastructures annexes et connexes.
Il a été dit que dans ce dossier il n’y a jamais eu un protocole d’accord entre le Bénin et le Groupe Petrolin…
Il y a eu beaucoup de fausses informations, de contrevérités et d’intoxication afin de cacher la vérité aux Béninois et ceci pour des raisons obscures. 
Moi-même, j’ai entendu des vertes et des pas mûres, notamment, des personnes qui, de par leurs responsabilités ont un devoir de retenue et de réserve. 
L’heure de vérité a sonné ! Il y a eu en effet un Protocole d’accord signé par les parties.
Revenons à l’ordre chronologique de ce qui s’est réellement passé.
Le 22 mars 2007, le Président de la République le Docteur Thomas Boni Yayi a signé deux (02) mandats N°191 et 192-c/Pr/Cab/Sp donnant pouvoir à Monsieur Samuel Dossou-Aworet d’entreprendre les études de faisabilité des différents projets et de créer à cette fin un Groupe d’Investisseurs pour le Bénin (G.I.B.). 
Le 12 Juillet 2007, un Protocole d’accord signé par les deux (02) parties, a confirmé la teneur des mandats. Ce document définit aussi bien les engagements de l’Etat béninois que ceux du Groupe Petrolin. Vous voyez donc que la réalité est toute autre par rapport aux rumeurs véhiculées.
A la suite de la signature du Protocole d’accord, le Président du Groupe Petrolin a entrepris des études de faisabilité par des Cabinets de renommée internationale, réalisé l’audit de l’Ocbn et a décidé de démarrer les travaux. C’est à ce moment là, que le Chef de l’Etat l’a informé qu’un appel d’offres impliquant les deux (02) Etats propriétaires de l’OCBN allait être lancé. 
En effet, le 04 Août 2008, l’appel d’offres a été lancé. Plusieurs Groupes ont acheté le dossier dont Bolloré et Petrolin. Cependant, à la séance d’ouverture des offres, seuls les Groupes Petrolin et Progossa avaient déposé une offre, ce qui signifie que le Groupe Bolloré n’avait pas déposé d’offre. 
Le 25 janvier 2010, une Convention Cadre de Partenariat Public/Privé et d’Investissement a été signée entre la République du Bénin et le Groupe Petrolin afin de définir les conditions générales, économiques, juridiques et fiscales applicables à l’ensemble des opérations du Projet.
Entre temps, le Premier Ministre Nigérien d’alors, Monsieur Gamatie s’est rendu au Bénin pour finaliser le dossier avec le Chef d’Etat et le Ministre d’Etat chargé du développement d’alors. Ce dernier s’est, à son tour, rendu à Niamey pour la touche finale. C’est dans ces conditions que le Président du Groupe Petrolin en la personne de Samuel Dossou-Aworet, a poursuivi la réalisation des études de faisabilité du projet à ses propres frais en attendant la signature des différentes Conventions particulières prévues par la Convention Cadre précitée. 
Le 22 juillet 2010, suite à l’analyse des offres, les deux Etats ont déclaré adjudicataire, le Groupe Petrolin, par courrier N°001/2010/Mtta/Mtttatp/Pr/Cpc signé des Ministres des Transports du Niger et du Bénin.
Pourquoi, malgré toutes ces garanties, le groupe Petrolin n’avait pas démarré les travaux proprement dits ?
Dans la Convention Cadre de partenariat public-privé et d’investissement, il est précisé que chacune des composantes du Projet Epine Dorsale doit avoir sa Convention Particulière signée avant le démarrage des gros œuvres. Le Président du Groupe Petrolin attendait donc la signature des Conventions rédigées dont les termes étaient déjà approuvés par l’ensemble des parties. 
Le Chef de l’Etat a confirmé au Président du Groupe Petrolin que les Conventions en attente seraient bien signées mais qu’il devenait extrêmement urgent de commencer les travaux de construction du Port sec de Parakou. Monsieur Samuel Dossou-Aworet a alors attiré l’attention du Chef de l’Etat sur les résultats des études menées à grand frais, démontrant sans ambigüité la nécessité de réhabiliter le tronçon ferroviaire de Cotonou à Parakou et de construire une liaison ferroviaire de Parakou à Niamey. La signature des Conventions Particulières relatives à chacune de ces composantes était indispensable. 
Le Président l’a rassuré et a promis que la signature de toutes les Conventions interviendrait aussitôt que les travaux du Port sec de Parakou auraient démarré. Hors, le 06 novembre 2013, le Chef de l’Etat a demandé à Monsieur Samuel Dossou-Aworet d’assister au rendez-vous qu’il avait organisé à Cotonou avec son homologue Nigérien pour échanger, entre autres, sur ce dossier. M. Samuel Dossou-Aworet est arrivé à la séance de travail et a découvert à sa grande surprise que Vincent Bollore était également invité à participer à cette séance. 
C’est lors de cette réunion que les Présidents Béninois et Nigérien ont introduit pour la première fois le groupe Bolloré dans le dossier en prétextant l’ampleur du projet qui impliquait plusieurs pays. 
Il a été demandé à M. Samuel Dossou-Aworet de fixer le pourcentage qu’il souhaitait prendre en sa qualité d’initiateur du projet Epine Dorsale. A l’issue de cette réunion, au cours de laquelle il n’y a eu aucune transparence notamment en ce qui concerne les clefs de répartition du consortium à constituer, le Groupe Petrolin s’est retrouvé avec un pourcentage de 20%.
Il convient de préciser que M. Samuel Dossou-Aworet a accepté ce taux de participation par respect pour le Chef de l’Etat et dans le but de respecter sa promesse de soutenir le développement économique du pays en permettant la réalisation du projet. 
Il a été convenu à la séance que le mémorandum devrait être signé par les parties à l’Aéroport. Arrivé à l’aéroport pour cette signature, M. Samuel Dossou-Aworet a eu une deuxième surprise désagréable. Le nom de Petrolin ne figurait pas sur les documents à signer, seuls les noms des ministres concernés et celui de M Vincent Bolloré étaient mentionnés en qualité de signataire. 
De plus, le Chef de l’Etat a alors demandé à M Samuel Dossou-Aworet de prendre contact avec Vincent Bolloré pour la réalisation commune du projet.
Les deux présidents de Groupe ont délégué leurs Conseils juridiques pour la rédaction d’un accord de confidentialité conformément à la Convention Cadre du 25 janvier 2010. Après deux mois de travail, cet accord de confidentialité a fini par être signé dans les locaux du Groupe Bolloré à Paris le 13 janvier 2014. Cet accord ne donne aucun pouvoir au groupe Bolloré de rencontrer directement les Chefs d’Etat pour des négociations dans le projet sans se référer au Président du Groupe Petrolin. 
Que s’est-il passé entre-temps ? Personne ne le sait.
Bolloré a commencé la réfection de la gare de Cotonou le 03 juin dernier. Votre réaction après tout le développement que vous venez de faire ?
Je l’ai lu dans les journaux. Il ne suffit pas de décoiffer les toits d’une gare pour dire qu’on a commencé à travailler. Ce qu’ils veulent faire coûte 165 millions de francs Cfa, a-t-on dit. L’avance de démarrage de 30% équivaut à 49,5 millions de francs Cfa. Cet investissement semble dérisoire face à l’ampleur du projet. Hors, le Groupe Petrolin a déjà investi dans ce dossier des milliards de francs Cfa pour les études de faisabilité, ce que l’Etat béninois ne peut pas démentir. Il est question aujourd’hui de clarifier tout cela. Je suis une élue de la nation béninoise et à ce titre je prends la responsabilité de dire la vérité quoi que cela puisse me coûter. 
Dans ce dossier, j’ai l’impression qu’on a choisi de léser un Béninois qui est décidé à investir de façon conséquente dans son propre pays au profit d’un Groupe étranger. Attendons de voir…
A votre avis, qu’est-ce qui peut être à la base de cette volte-face ?
Je n’en sais rien. Seul le Chef de l’Etat peut nous le dire. Il doit lui aussi la vérité au peuple. Je sais qu’il le fera au nom d’un principe qui lui est cher et que nous partageons ; celui de rendre compte à la Nation. 
Le Groupe Petrolin a respecté ses engagements. C’est l’Etat qui semble avoir été défaillant. La preuve est que le groupe Bolloré est en train de tout faire pour que l’Etat béninois lui signe une convention qui n’a pas été signée à ce jour au profit du Groupe Petrolin qui a pourtant gagné l’appel d’offre international.
Malgré cela, par patriotisme, le Groupe Petrolin a investi des milliards. M. Samuel Dossou-Aworet a dans ce dossier non seulement joué la carte de la transparence, mais aussi et surtout il y est allé avec son cœur de Béninois. A ce jour, le Groupe Petrolin attend qu’on l’appelle officiellement pour la signature des conventions particulières de l’Ocbn et du Port sec de Parakou qui est en cours de construction avec les fonds propres du Groupe Petrolin. Il faut ajouter que cette livraison interviendra à la fin du mois de juin 2014. 
Il est important de noter qu’aucune notification ne lui a été faite quant à une volte-face comme vous le dites.
Jusqu’à quand le groupe Petrolin va-t-il attendre ?
C’est une question pertinente. La Convention-cadre a prévu des voies de recours en cas de litige. Il est impératif et préférable que l’Etat réagisse afin d’éviter un litige entre les parties.
Qu’en est-il du second Port en eau profonde dont la convention a été pourtant signée ?
Effectivement, la Convention du port pétrolier, minéralier et commercial en eau profonde de Sèmè Podji a été signée le 09 décembre 2011 par les Parties et approuvée par un décret présidentiel. Cette Convention stipule que l’Etat n’ayant pas les moyens pour indemniser les ayants droit des 1006 hectares réservés pour la construction de ce second Port en eau profonde, le Groupe Petrolin doit lui-même y faire face. Auparavant, l’Etat doit produire la liste exhaustive des terrains expropriés avec indication du montant de dédommagement afférent à chaque terrain. Il s’agit d’un travail à faire contradictoirement, en présence des Huissiers ministériels. Voilà où nous en sommes. Vous n’êtes pas sans savoir les problèmes que crée le foncier dans notre pays. Le cas de l’aéroport de Tourou est là pour servir d’exemple. C’est donc un préalable à régler avant toute action d’envergure.
Face à la situation, que pensez-vous, vous qui soutenez le pouvoir, de ceux qui estiment que le régime Yayi fait la chasse aux opérateurs économiques de son pays en même temps qu’il fait le lit aux étrangers ?
J’ai fini, à mon corps défendant, par être du même avis que ceux qui pensent que les opérateurs économiques de notre pays ne sont plus les bienvenus chez eux, que l’Etat ne fait rien pour les encourager et protéger leurs intérêts, comme cela se fait dans les autres pays. Il suffit d’aller au Togo au Nigéria, en Côte d’Ivoire au Sénégal, au Burkina Faso ou partout ailleurs pour voir comment les Chefs d’Etat défendent les investisseurs nationaux parce que ce sont ces derniers qui créent la richesse et les emplois. Il y a des Chefs d’Etats qui ne voyagent jamais sans les opérateurs économiques sérieux de leur pays. Ce n’est toujours pas le cas chez nous. Il y a quelques années, je considérais les critiques qui étaient faites dans ce sens comme non fondées. Le cas Petrolin est si flagrant que je me dis que le développement que nous souhaitons tous pour notre pays sera hypothéqué si le Gouvernement ne change pas de méthode.
On reproche souvent à M. Samuel Dossou-Aworet de ne pas être présent au pays malgré toutes les bonnes intentions économiques qu’il nourrit pour le pays.
M. Samuel Dossou-Aworet est présent et activement impliqué dans la vie économique de son pays natal. 
Ceux qui le connaissent savent que c’est un homme discret qui ne fait pas beaucoup d’apparitions publiques. 
A titre d’illustration, ceci ne l’empêche pas de lancer une chaîne de télévision éducative et de radio le mois prochain au Bénin ; ni de gérer de façon active et efficace sa Fondation Espace Afrique au profit des défavorisés.
Que faut-il conclure sur ce dossier ?
Je souhaite simplement que le Gouvernement de mon pays respecte ses engagements et comprenne que les opérateurs économiques étrangers à qui nous faisons les yeux doux ne viendront pas bâtir notre économie en lieu et place des nationaux. « C’est à l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle » ; je vais citer à cet égard deux repères historiques, en me référant au Président Emile Derlin Zinsou qui a bien compris cette réalité et qui a œuvré en son temps pour que les Dahoméens comptent d’abord sur eux-mêmes. Le Général Mathieu Kérékou est resté dans cette vision et a travaillé à cela durant des décennies. Un pays qui ne protège et n’encourage pas ses investisseurs n’a aucune chance de se développer. Il y a donc lieu pour les dirigeants de mon pays, à la veille d’un aussi grand rendez-vous économique que celui qui se tiendra à Paris dans quelques jours autour de plusieurs opérateurs économiques, de revoir la politique de développement du Bénin dans la mesure où ils souhaitent que le mot « émergence » ait un sens demain pour notre avenir.

Propos recueillis par Le Matinal
source: le quotidien "Le matinal" du 10 juin 2014

Devoir de vérité : Affaire Pvi : Yayi et Djènontin risquent gros


Affaire PVI ! C’est l’un des dossiers opposant farouchement en ce moment l’homme d’affaires Patrice Talon à l’Etat béninois. Autour de ce dossier, tout se dit sauf la vérité. Et pourtant, les faits sont là, têtus. En tout cas, le Président Boni Yayi et ses ministres feraient mieux de se taire et d’assumer tranquillement les conséquences de leur malgouvernance puisque, désormais, ils sont de potentiels clients de la Haute Cour de Justice (HCJ).
Dans l’un des huit commandements de Dieu, il est dit que « tu ne mentiras point ». Chrétiens endurcis qu’ils sont, certains membres du gouvernement violent malheureusement consciemment ce commandement. Sur le dossier relatif à la mise en œuvre du Programme de vérification des importations de nouvelle génération (PVI-NG), remarquons tout simplement que le Chef de l’Etat et certains de ses ministres qui se disent hommes de Dieu font économie de vérité.
Les faits sont pourtant là. Il suffit de se référer au communiqué du conseil des ministres du 29 décembre 2010 pour se rendre compte que la vérité est cachée au peuple béninois.  C’est au cours de ce conseil des ministres, présidé par le Chef de l’Etat, le Dr Boni Yayi lui-même, que les membres du gouvernement ont examiné et approuvé le dossier relatif au PVI, après avoir écouté un compte rendu du ministre de l’Economie et des Finances relatif aux travaux de dépouillement, d’analyse et de jugement des offres relatives au Programme de vérification des importations (PVI) de nouvelle génération. En approuvant ce compte rendu, le Conseil des ministres a instruit le ministre de l’Economie et des Finances de notifier l’adjudication provisoire au Groupement SGS- Bénin Control classé premier. Outre le ministre des finances, le ministre d’Etat chargé de la Prospective, du Développement, de l’Evaluation des Politiques publiques et de la Coordination de l’action gouvernementale a été instruit pour conduire les négociations en vue de la signature du contrat entre le gouvernement et ledit groupement. Ce qui a été fait dans les règles de l’art.
C’était donc le point de départ de la mise en œuvre du PVI puisqu’après les négociations, un contrat liant l’Etat béninois et Patrice Talon a été régulièrement signé pour la mise en œuvre effective de ce programme. La suite, on la connait. De façon unilatérale, le gouvernement a remis en cause ce contrat qui constitue une loi des parties. Ensuite, le gouvernement a accusé Patrice Talon d’être l’instigateur d’une série de complots (empoisonnement et coup d’Etat) attentatoires à la vie du président Boni Yayi.
Cela ne fait pas sérieux d’entendre le Président Boni Yayi dire devant des jeunes que c’est Talon même qui a rédigé le contrat du PVI et que lui il l’a signé seulement. Cela ne fait pas aussi sérieux d’entendre le ministre Djènontin dire que : « …nous rassurons le peuple que le trésor public n’aura pas à débourser un franc pour payer un quelconque dédommagement à qui que ce soit dans ce dossier » et que « nous avons besoin des ressources pour construire et non des ressources que nous allons gaspiller dans des dossiers qui sont au départ faux … ». En tout cas, si le PVI était au départ faux et que c’est Talon même qui a amené son contrat et que l’Etat a signé, Boni Yayi et Djènontin doivent alors en tirer les conclusions de droit qui s’imposent et savoir qu’ils sont de potentiels clients de la Haute Cour de Justice. La balle est donc dans le camp des députés qui devront enclencher la procédure.
 Euloge Badou
source: Le quotidien "La presse du jour"  du 6 juin 2014

mardi 3 juin 2014

LA LETTRE DU JUGE ANGELO HOUSSOU AU PEUPLE BÉNINOIS ET AU PRÉSIDENT YAYI BONI

C’est la mort dans l’âme que j’ai saisi ma plume pour revendiquer mon droit inaliénable à parler et pour dire l’acharnement continuel dont je fais l’objet de la part des autorités de mon pays. 
En raison des décisions que j’ai rendues dans les fameux et sulfureux dossiers de tentative d’empoisonnement sur la personne du chef de l’Etat et d’atteinte à la sûreté de l’Etat, je suis persécuté et mon exil n’a pas arrêté mes poursuivants dans leur vil dessein de me tuer, sinon physiquement, du moins socialement et professionnellement.

Un communiqué de représailles

J’ai appris, avec un certain effarement qu’un communiqué du jeudi 22 mai 2014, diffusé en boucle à la télévision nationale, m’invitait à reprendre service, au plus tard le 26 mai 2014, sous peine d’être considéré comme démissionnaire. Il ne reste que le ridicule achève certains cadres de mon pays!!!
Je ne comprends pas la surdité intellectuelle des auteurs de ce communiqué qui devraient se trouver sur une autre planète quand se déroulait tout le débat sur comment assurer ma sécurité et celle de ma famille après la reddition des ordonnances du 17 mai 2013. Ce débat est toujours d’actualité puisqu’aucune disposition n’est encore prise pour que je puisse exercer, librement et en toute quiétude, mon droit à demeurer dans mon pays et à le servir utilement.
Je suis magistrat et à ce titre, je reste soumis au devoir de réserve professionnelle. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je me suis abstenu jusque-là de faire certaines déclarations utiles à l’éclairage des uns et des autres sur la véritable moralité de ces dossiers que j’ai instruits. Mais pour moi, l’obligation de réserve ne doit pas être perçue comme étant un commandement masochiste transformant tout magistrat en saint Sébastien criblé de flèches. Mon honneur a été attaqué publiquement et mon intégrité professionnelle a été mise en doute. Parce qu’il s’agit là des questions qui touchent profondément à ma dignité, j’ai décidé d’user de mon droit constitutionnel à la parole.
Je dénonce ici donc le machiavélisme versé des auteurs du communiqué. A vrai dire, il est à peine nécessaire de rappeler que, ceux-ci ne sont pas sans savoir qu’il m’est parfaitement impossible d’aller reprendre service ce 26 mai 2014 et ce, pour deux raisons fondamentales. D’abord, les conditions de ma sécurité ne sont toujours pas clairement réunies au pays. En effet, ma tête reste mise à prix par ceux qui se sont sentis lésés et déroutés par mes deux ordonnances de non-lieu. Ensuite, je suis impliqué dans une procédure d’asile ici aux Etats-Unis. Il s’ensuit que le fait de m’inviter à reprendre service au plus tard le 26 mai 2014, sans donner la garantie de ma sécurité et en faisant fi de ladite procédure, est manifestement insincère et partant, un «non-lieu ». C’est la preuve d’une apoplexie forte…
Il importe d’affirmer que les auteurs du communiqué ont tort de considérer mon exil comme une fiction et de m’appeler à reprendre service comme si j’étais allé en ballade de santé. J’ai quitté le Bénin face à l’incurie complice des autorités compétentes de me protéger contre l’arbitraire et les bas instincts de la vengeance perdante et éperdue.
Burlesque communiqué qui trahit la volonté renouvelée de me faire manger les pissenlits par la racine ! Pour moi, ce communiqué est un «non-lieu». On peut bien s’interroger sur ce à quoi sert ce communiqué du 22 mai 2014 dans cette « recréation », si ce n’est pour prolonger les représailles et les balafres indélébiles qui m’ont été infligées en vue d’assouvir, je ne sais quelle vendetta. Si l’Homme était Dieu? Je sais, et tout le peuple béninois avec moi, là où on veut en venir.

Facile de pardonner quand on a fini de se venger

Je ne suis pas contre le pardon. C’est une bonne chose que de pardonner. Le pardon « réchauffe le cœur et refroidit la piqûre » (William Arthur WARD). Il permet de « reprendre les rênes de notre destin et de reconnaître autrui comme étant toujours susceptible de renouer avec le bien ». François VERILLON l’a dit, le pardon n’est « ni un coup d’éponge ni une lessive, mais une recréation».
Bien qu’étant homme de droit, je ne veux pas m’interroger sur les implications juridiques de ce pardon qui, comme l’ont analysé les juristes sensés, est une sortie par effraction qui ne vide ni le fond des procédures ni ne corrige l’image écornée de mon pays, où fatalement le déficit républicain prend le pas sur le renouveau démocratique.
Le pardon soulève des discussions inépuisables, à savoir: Que cache ce pardon ? Quel est son degré de sincérité ? Dans ce drame qui a tant divisé le peuple et brisé des vies entières, est-ce le mieux à faire ? Pourquoi intervient-il au moment précis où la Cour suprême a rendu ses arrêts dans ces dossiers? Que dire d’un pardon accordé alors qu’il n’a pas été demandé ?Que dire d’un pardon destiné à des personnes qui ont bénéficié d’un non-lieu? Autant de questions qui invitent, en effet, à penser à cette phrase de Josh BILLINGS: « il n’y a pas de vengeance si complète que le pardon ».
La vengeance !Voilà le mal fondamental qui, dans cette affaire, a fait plus de dégâts que les projets funestes qui auraient été fomentés. On me considère comme une victime collatérale dans cette affaire. Ce n’est point une vue de l’esprit, mais j’en ai payé le prix fort. Depuis que j’ai reçu ces dossiers en mon cabinet jusqu’à ce jour, il ne m’est plus arrivé d’avoir ma vie à moi et de la vivre à pleines dents.
Pendant l’instruction des dossiers, j’ai subi toutes sortes de pressions, sous forme d’acharnement, de surveillance outrancière, d’intrusion et d’occupation systématiques de ma vie privée. Ces affaires m’ont isolé de ma famille, de mes proches. Terré, perclus, je n’avais plus de vie, de liberté…désormais à la merci des fileurs et des corbeaux de mauvais aloi.
De mon éducation, j’ai pu tirer l’énergie nécessaire et le courage suffisant pour faire mon travail et l’achever le 17 mai 2013. Sans grande surprise, la persécution bascule dans l’escalade…

Une persécution sans fin

On m’a traité de tous les noms : « juge corrompu », « versé dans le charlatanisme », « menant une vie légère »…J’ai tout subi, tout encaissé. Avec une seule consolation : aucun de mes accusateurs n’est arrivé à apporter la preuve de ses allégations mensongères et mes décisions n’ont point été contredites, du moins juridiquement.
A travers le pays, on a marché contre moi par foules entières, me menaçant de vindicte populaire. Dans tous les tabernacles du pays, on a réclamé ma tête à Dieu et aux dieux. On a lâché contre moi une horde de journalistes et de «journaleurs» avec le vil dessein de salir mon nom à jamais…Des amis et proches sont infiltrés, soit pour épier mes faits et gestes, soit pour apporter des éléments graves et concordants susceptibles de me prendre sur le fait. Certains ont résisté bravement. D’autres ont succombé lâchement… Lorsqu’on a vécu dans ces liens infernaux, quotidiennement à l’article de la mort, l’instinct de survie ne peut être que plus fort.
Escorté par l’invisible bénédiction protectrice du peuple béninois, j’ai bravé le dispositif d’insécurité glané autour de moi, traversant, par un vendredi clément, brousse, boues et fleuve avec le risque de rencontrer la mort à tout moment.
Arrivé aux Etats-Unis, le 1er décembre 2013, c’est comme si je tombais de la poêle vers le cœur du feu. A l’aéroport international John Fitzgerald KENNEDY, il m’a été notifié que mon visa posait problème. Pendant quelques minutes, j’ai eu le profond sentiment d’être un vulgaire citoyen. Mais très tôt, je me suis ressaisi. Il fallait me convaincre de ce que je venais quand même de semer la mort et que je suis dans un pays où la sensibilité à la vérité et aux droits de l’homme est censée être la plus forte au monde. Pourtant, le doute a duré dix-huit(18) jours où j’ai connu la peine et le blues de la détention .Moi qui autrefois, décernais des mandats de dépôt contre certains inculpés au tribunal de Cotonou. La crédibilité de la peur dont j’ai excipée ayant été reconnue, j’ai gagné dans ce pays ultra-organisé, le droit de ne pas être retourné dans l’enfer d’où je venais de m’échapper. Ici, les gens sont plus sérieux et chacun s’attelle à faire son travail sans parti pris. C’est avec beaucoup de respect et étreint d’émotion que je leur exprime un sincère remerciement.
C’est cet homme persécuté à souhait pour avoir fait son travail qui était absent du rappel des faits le jour de l’effusion du pardon présidentiel. Bien évidemment, je ne demande pas être pardonné. Car je n’ai rien fait qui aurait justifié un tel transport à mon égard ! Je ne suis pas détenu dans cette affaire. Je suis contraint à l’exil dans le cadre de cette affaire dont je suis une parfaite victime. On ne pardonne pas à une victime. On lui demande pardon. On lui présente des excuses et on la réhabilite dans son droit inaliénable de vivre en paix et en sécurité dans sa patrie. Le fait d’avoir occulté cela dans le discours officiel du pardon et de se pourfendre en plus d’un communiqué scélérat et facétieux comme celui du 22 mai 2014,est la preuve suffisante que l’œuvre vengeresse est toujours en marche. Facile de pardonner quand on a fini de se venger!
Le pardon, considéré par un proverbe arabe comme « la plus belle fleur de la victoire », parachève manifestement la revanche par laquelle on a compromis l’avenir de tant de Béninois et poussé à l’exil des gens qui, comme moi, par folle passion pour le pays, ne supportaient pas de vivre une semaine entière en dehors du terroir.
Dans le pardon marketing du 14mai 2014, je pressens du rochefoucauldien à l’état pur: administrer ce pardon n’est qu’un moyen sibyllin de demander pardon. Je répète : le pardon ne me concerne pas. Car je ne suis impliqué dans aucune des affaires. Je suis juge, au service du droit. Et en droit, les faits déférés devant moi, ne sont pas constitutifs d’infractions à la loi pénale. Depuis le 17 mai 2013 que je l’ai dit dans mes ordonnances, il ne s’est trouvé aucun autre juge pour apporter la preuve du contraire. Aucun juriste sérieux n’en a pris le contrepied. Mes décisions ont été confirmées en appel. La Cour suprême ne s’est pas prononcée sur mes ordonnances. Elle a plutôt cassé les arrêts confirmatifs de la chambre d’accusation sur la forme et ce, pour un simple problème de visa. Mieux, la décision de la Chambre d’accusation autrement composée du lundi 19 mai 2014 et mettant en liberté provisoire les inculpés dans ces affaires, n’est qu’une exécution partielle des ordonnances de non-lieu du 17 mai 2013.

Une ferme confiance en l’avenir

Respecter la loi, s’incliner devant le droit n’est pas seulement une simple politesse ni un acte banal de sagesse. C’est la voie royale pour donner une chance à la bonne gouvernance dans notre pays. Et plus j’y pense, plus je réalise que j’assume ma destinée jusqu’au bout.
La fonction d’un juge contemporain est fort différente de ce que nous avons connu dans le passé. De nos jours, le juge doit éviter de s’isoler. Il doit s’efforcer non seulement d’être de plus en plus accessible au public, mais aussi  il doit s’intéresser à la vie sa cité.
Voilà, donc, autant de bonnes raisons de nature à motiver mon engagement à vivre désormais une citoyenneté plus active basée sur l’exercice de mon droit à la parole et de mon devoir de contribuer à l’amélioration de la gouvernance de mon pays. En entrant dans la magistrature, j’étais préoccupé de contribuer à corriger l’homme et à élever la nation en faisant appliquer la loi. Mais ce serait une entreprise vaine si la politique reste l’apanage de gens dont la tendance à l’échec n’a d’égale que leur goinfrerie.
Je me dois donc de parfaire ma fonction d’aiguillon, de détonateur. Quand on a été aux prises avec certaines tares, quand on a osé dire non au musellement de la maison justice, on ne peut plus se taire tout bonnement. Tout silence prolongé devient une œuvre de complicité, surtout dans un espace public transformé en une arène où les acteurs s’ingénient à faire périr l’intérêt général au profit de leur ventre et de leur orgueil. Tant que la politique tombera aussi bas, le pays ne pourra sortir des bas-fonds du sous-développement.
Au moment où j’achève cette réflexion, une conviction m’habite. Mon pays, en effet, semble livré à des gens sans foi ni loi. Ses dirigeants ont renoncé à leurs charges, celles de travailler à instaurer une société de valeurs, d’ordre, de justice et de sécurité. Le drame de mon pays, ce n’est pas tant l’influence venimeuse de ces pratiques que le silence des consciences lumineuses et la compromission des élites. Tant que la situation en restera là, l’œuvre de développement sera un travail de Sisyphe.
En 2006, nous avions un projet formidable de changement et de progrès. Au fil des ans et des dérives, ce projet de miracle s’est mué en un triste mémorial de l’échec patent des élites dirigeantes. Une honte nationale qu’il faut corriger dare-dare à la prochaine occasion .Rester en marge de ce processus de renouveau serait un crime contre le pays.
Que les consciences lumineuses de tout le Bénin le sachent et s’engagent. Dès maintenant ! Mon pays peut compter sur moi pour jouer ma partition pleinement et sans défaillir. Je n’ai plus peur de rien, même pas de la mort, car me tuer pour une vérité devenue incontournable au point de susciter un pardon, accroîtrait inévitablement mes chances d’aller au paradis .Mais il ne s’agit pas de moi, mais du Bénin tout entier. Et on ne le laissera pas périr dans n’importe quelles mains !


New York, le 26 mai 2014
Juge Angelo Djidjoho HOUSSOU