Lors de la célébration eucharistique tenue à l'église saint Michel de Cotonou, dans le cadre des festivités de l'an trois de la deuxième mandature du chef de l'Etat, le président Yayi Boni, l'archevêque de Cotonou, Monseigneur Antoine Ganyè, au terme de la messe a cru devoir dire quelques mots à l'endroit du chef de l'Etat, l'heureux du jour, et des syndicalistes béninois en grève pour diverses raisons depuis janvier 2014.
Le moins que le puisse dire, est que le prélat a prit fait et cause pour le président Yayi Boni.
MONSEIGNEUR ANTOINE GANYE
ARCHEVÊQUE DE COTONOU.
Car, si l'homme de Dieu a pu reconnaître publiquement:"...Vous tracez des pistes; vous ouvrez des voix; vous êtes dans les champs pour l'agriculture; vous vous battez de votre mieux contre le délestage très rebelle... Vous avez une politique de main tendu que je vous encourage à maintenir; toujours la main tendue à tout le monde.Vous avez rendu visite à monsieur Amoussou Bruno....Les gens disent que vous êtes mon ami (rire), je ne sais d'où ils tiennent cela.(...) A mes amis syndicalistes, je voudrais leur demander de lâcher le mot; un seul mot sur lequel tout le peuple les attend. Toute cette jeunesse qui erre dans les rues sans occupation à cause de cette grève vous attend pour vous faire une ovation. Pardonnez! Je sais que vous êtes blessé dans votre amour propre mais parfois, c'est lorsque l'on atteint un tel niveau qu'il faut pardonner à l'auteur de votre frustration..."
Voilà à peu près les propos du prélat catholique dimanche dernier devant le chef de l'Etat tout heureux et presque excité.
Oui, d'accord pour le pardon; mais lorsque les coupables ou fautifs n'ont aucun remord de lors acte? Lorsque les gens qui ont fait couler du sang humain se pavanent de festins et festins, buvant alcool sur alcool, dansant et montrant leur bedaine à qui veut la voir, quelle valeur a ce pardon? L'archevêque de Cotonou en s'invitant aussi brutalement dans ce débat nous étonne, et étonne tout le Bénin sérieux. Car voilà depuis trois mois que dure cette crise; et à aucun moment, nul n'a entendu une médiation initiée ou dirigée par le clergé. Pour tous les observateurs de la vie socio-politique nationale, le silence du clergé est peut-être dû aux pugilats verbaux qu'il reçus dernièrement du pouvoir au sujet des affaires dites tentatives de coup d'Etat et d'empoisonnement du chef de l'Etat.
Dans l'église catholique romaine, le sang est sacré. Pour preuve, celui de Jésus, fils de marie versé depuis des millénaires continue d'être pleuré et ritualisé à ce jour.
Le silence de l'église catholique au sujet du sang des syndicalistes versé dans la violence absolue ce 27 décembre 2013 nous étonne encore! Comment le prélat, tout heureux de louer les efforts de Yayi Boni dans un pays où on a faim; où les écoles, lycées, collèges et universités sont fermés; où l'obscurité dicte ses lois; où les robinets sont constamment à sec; où le régionalisme est érigé en mode de gouvernance; où les scandales économiques et financiers sont légions au sommet de l'Etat, et où les proches du chef sont protégés contre vents et marrées et promus, mais où les autres sont démolis, noyés pour la moindre erreur, comment le prélat n'a pas pu dire un mot sur toutes ces choses? Si le prélat reconnait que tout le monde le dit ami de Yayi, il ne le dément pas non plus! Or, il serait plus intéressant pour le vieil homme que Yayi avec ces méthodes de gouvernance, sa vengeance aveugle et ethnique sur certains de ses compatriotes ne soit pas l'ami d'un homme de Dieu, homme public comme l'archevêque. Comment et par quelle maladresse feinte ce vieillard que nous respectons tous, non pour sa robe mais pour ce qu'il est sensé incarné, n'a pas cru devoir dire que le préfet et le commissaire central méritaient bien d'être sanctionné avant d'inviter au pardon? mais Au nom de quoi ce prêtre pense-t- il que l'avenir de ces milliers de jeunes se trouvent aux mains des syndicalistes, et pour un "oui, nous pardonnons" tout rentrerait dans l'ordre? Pourquoi ne peut-il pas dire à son ami Yayi Boni de se séparer des deux tortionnaires comme le recommande la constitution de notre pays?