lundi 7 avril 2014

CÉLÉBRATION DE L'AN TROIS DE LA DEUXIÈME MANDATURE DE YAYI BONI A LA TÊTE DU BÉNIN: UN ANNIVERSAIRE DE HONTE ET DE DESHONNEUR

Comme d’habitude, c’est à travers de géants panneaux publicitaires que les béninois ont eu l’annonce de la nouvelle. A tous les grands carrefours, dans les feux tricolores ainsi que dans les villes les moins importantes du pays, le pourvoir de Yayi Boni, en ces temps de crise sociale sans précédent, a fait disposer des affiches géantes à l’effigie du chef de l’Etat, invitant les populations à un méga spectacle dans le cadre de l’an trois du deuxième mandat de celui-ci. Et pourtant, il y a mieux et plus urgent.
La chose étonne plus d’un béninois en ce moment même où depuis le mois de janvier, écoles, collèges, lycées et universités publiques sont fermées pour fait de grèves. Il en était de même pour les tribunaux et les hôpitaux qui, dans un passé récent, ont levé leurs motions de grève en donnant un moratoire au gouvernement.
Monsieur Yayi Boni, Président de la République du Bénin.

Les tractations engagées par le pouvoir pour la levée de la motion de grève dans le secteur de l’éducation et celui des finances n’ont toujours pas abouti. Et pour cause, les fédérations et centrales syndicales qui animent ces secteurs exigent le limogeage du préfet des départements de l’Atlantique et du littoral, et du commissaire central de la ville de Cotonou, auteurs du bain de sang mémorable sur des syndicalistes lors d’une marche pacifique déclarée en décembre 2013. 
Depuis lors, c’est l’impasse totale. Le pouvoir ne semble pas prêt à se séparer d’un préfet et d’un commissaire de police dont il ne regrette ni ne condamne la brutalité et la barbarie exercées sur des syndicalistes sans défense dans l’exercice de leur droit.
Ainsi depuis trois mois,  écoliers, élèves, lycéens et étudiants sont livrés à la rue ; à la débauche. Les cas de prostitutions, d’avortements, de noyades et autres accidents routiers liés à la divagation de certains de ces derniers sont légion. Parents et apprenants sont anxieux de voir l’année scolaire et académique déclarée blanche ou invalide. Le président de la République, enfermé dans sa logique d’une gouvernance aveugle et basée que sur sa seule « intelligence » et « savoir », refuse d’entendre le cri de cœur de millions de ses compatriotes en détresse sur le plan social, politique et économique. Et c’est dans un tel contexte qu’intervient l’annonce d’un méga spectacle pour célébrer l’an trois de Yayi Boni au pouvoir, réélu en deux mille onze par un fichier électronique tronqué depuis sa conception, et qui a produit un cahot dont les principaux acteurs n’ont pas manqué de place au gouvernement et dans bien d’autres institutions de la République.
Les chantres de cette manifestation qui s’inscrit complètement à l’antipode des besoins, soucis et souhaits immédiats du peuple béninois sont connus : C’est d’abord le ministre en charge de la culture, un homme carrent qui a montré ses limites à l’économie maritime d’où il a été viré sans ménagement devant caméra par le même chef de l’Etat. Et comme d’ordinaire au Bénin, c’est les hommes sans aucun bagage intellectuel, sans aucun b-a ba de la culture que l’on projette à la tête de ce secteur que nos dirigeants confondent facilement à un poste de remerciement aux activistes et autres médiocres du lot, Jean Michel ABIMBOLA a été parachuté au département de la culture, où sa seule préoccupation est de montrer au chef de l’Etat que les artistes le soutiennent. Evidemment, Monsieur Yayi Boni ne rêve que d’entendre : «…Nous vous soutenons, monsieur le Président …».
A côté du ministre Jean-Michel, certains artistes qui ne ratent aucune occasion pour rencontrer le chef de l’Etat.  On y trouve des musiciens comme des gens de théâtre. Heureusement pas des meilleurs! Ils savent que rencontrer Yayi est une aubaine ; il sort toujours le fric même si ce n’est pas cela l’objet de votre visite. Du coup, le fond de commerce est tout trouvé. Toutes les occasions sont bonnes pour rencontrer le chef de l'Etat et se faire de l’argent, disons clairement les choses ! 
Qu’il vous souvienne que le jour de l’an au petit matin à cinq heures, certains de ces artistes munis de guitares, de gongs, de grelots, de castagnettes…. attendaient déjà dans la rue du chef de l’Etat, accompagnés du ministre Jean-Michel, pour disent-ils, souhaiter leurs vœux du nouvel an au président. Donc, en terme d’artistes, c’est en réalité une bande d’escrocs réputés que le ministre Jean-Michel réussit  toujours à mobiliser autour de lui, pour  cette traditionnelle kermesse mal conçue et mal exécutée, que Yayi aime voir et entendre. Et  pour ce dimanche  six (6) avril 2014 sur l’esplanade intérieure du stade de l’amitié, la honte et le déshonneur étaient bien de la partie.
Honte et déshonneur aussi bien pour Yayi Boni principal inspirateur de cet anachronisme populaire,  que pour ce public qui, faut-il le rappeler, a massivement fait le déplacement. 
Comment des gens dont les enfants ne vont plus à l’école, du fait de ce même Yayi depuis trois mois, en sont-ils arrivés à accepter d’aller à ce type de festin déshonorable pour eux ? Les élèves et étudiants de même que les parents d’élèves présents dans la masse auraient-ils préféré cette kermesse; cette foutaise et cette injure à leur détresse à leur propre avenir ou à celui de leurs enfants? La présence massive du public aux manifestations d’hier est bien la preuve que la sortie de l’auberge n’est pas pour demain, et que malgré la lutte et la démocratie, le chemin reste long!

Mais en réalité, une petite enquête montre qu’une importante partie de ce public a été déplacé à coup d’argent, comme le régime en a l’habitude ! En effet, déversé par vague sur les lieux de la manifestation depuis le matin, ce public ramassé et embarqué dans des camions affrétés par les organisateurs, a été rémunéré qui,  à deux milles francs CFA ; qui, à cinq mille francs CFA; et qui d’autres encore à mille francs CFA.  Comme quoi, le pouvoir a choisi sa cible ; il a choisi bien des nécessiteux, des gens qu’il sait pouvoir tenir par le ventre. C'est bien dommage!

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