BENIN : ERUPTION D’UN VOLCAN APPELE YAYI BONI.
Mercredi 28 septembre 2011 à 10heures, le chef de l’Etat Béninois, le Docteur Thomas Boni YAYI a rencontré les douaniers retraités et les agents contractuels de la douane. A l’ordre du jour, les grèves à répétition dans le secteur de la douane.
Pour la énième fois, les douaniers sont encore entrés en grève ; le plus souvent pour un « oui » ou pour un « non » comme c’est encore le cas.
Il y a une semaine, le bouillant et tumultueux syndicat de la douane s’est mis en grève de 48h au motif qu’un agent de la douane dans l’exercice de ses fonctions, a été attaqué et passé à tabac par un militaire et des populations civiles. Le syndicat en conclut que ces menaces sur le corps douanier sont le résultat des propos tenus sur les agents de la douane par les actuelles autorités du pays. En effet, depuis peu le président de la République, très déçu du comportement de certains agents de la douane (corruption et détournement), et en raison de la tendance baissière des recettes douanières, s’est donné à une analyse critique sur cette corporation et les maux qui la minent.
Une semaine après ces 48h de cessation de travail, le même syndicat ayant apprit l’existence d’un projet de loi pendant devant le parlement et qui vise à interdire aux agents de la douane le droit de grève, s’est mis en grève d’avertissement de 72h renouvelable pour protester contre ledit projet de loi.
C’est donc cette série de grèves intempestives et sans raisons administratives justifiées qui a fait sortir le très « calme » et très « gentil » président de ses gongs.
Ainsi s’est mis éruption le volcan nommé YAYI Boni. Jamais on n’a vu un YAYI Boni aussi ferme et aussi menaçant que déterminé : « J’attends que la Cour constitutionnelle se prononce sur la conformité de la loi avec notre constitution. Dès que cette conformité est prononcée, je vais promulguer cette loi et quiconque se mettrait encore en grève sera radié purement et simplement de la fonction publique et il ne se passera rien…. On ne peut pas permettre à des Hommes aux galons ; en kaki ; en armes et en mission républicaine recommandée de se mettre tout le temps en grève. Nous devons harmoniser le statut des paramilitaires ; comme la police, les eaux et forêts, la douane est aussi un corps paramilitaire et devra être interdite de grève…. Trop c’est trop. On politise tout. Ce qu’on n’a pas pu avoir par les urnes, on veut l’obtenir par les grèves ? La rue ? Je défie quiconque d’utiliser la rue pour semer des troubles…. »
Rarement, que dis-je, jamais on n’a vu un YAYI Boni aussi grave, aussi exaspéré et aussi offensif. Et il est allé plus loin. « …On ne va quand même pas me contester ma légitimité ; je ne comprends pas le sens des grèves intempestives à la douane. Si les politiciens leur disent faites des grèves pour le faire tomber, ils se trompent ; ils se trompent ; ils se trompent… Ils n’ont qu’à rebrousser chemin car je ne reculerai pas… Je suis l’élu légitime du pays. J’ai été élu proprement en 2006 ; j’ai été élu proprement en 2011 aussi. J’ai été élu à près de 70% des votants dans les grands départements lors des dernières présidentielles. Si quelqu’un rêve encore de la présidentielle, il peut attendre 2016 mais moi je n’y serais plus… »
J’avoue que je partage entièrement l’exaspération et la fermeté du président de la République. Car si les grèves pouvaient être facteurs de développement, notre pays serait en avance sur les plus grandes nations au monde. Jamais le Bénin n’a connu autant de grèves nuisibles à son économie, à son développement. Les centrales syndicales sont devenues si puissantes qu’elles sont intouchables et incontournables. Et les motifs qui conduisent aux mouvements de débrayage sont aussi contestables et fantaisistes que leurs organisateurs. N’importe qui au nom de tel ou tel centrale syndicale vient à la télévision proférer des menaces de grève et même injurier publiquement le président de la République. On a déjà vu dans ce même pays la grève sans service minimum des agents de santé qui ont fermé à clé les hôpitaux. Cela a été tout un carnage pour le pays. Trop, c’est trop. Le Bénin court à sa propre perte économique et sociale si rien n’est fait pour arrêter la dérive syndicale. Un pays dont les ressources sont essentiellement fiscales ne peut se permettre autant de grèves anarchiques et espérer décoller un jour. Nous serons bientôt, si rien n’est fait, dans les mêmes conditions économiques et financières que la Grèce lourdement endettée pour avoir vécu longtemps au-dessus de ces moyens et pour avoir mal géré ces ressources.
Vivement que les grévistes entendent raison pour que le chef de l’Etat n’ait pas à recourir à la radiation.