mercredi 16 octobre 2013

LU POUR VOUS DANS LA NOUVELLE TRIBUNE DU 16 OCTOBRE 2013: LEPI: REVEIL TARDIF MAIS SUBTIL DE BONI YAYI

La correction de Liste Electorale Permanente Informatisée (Lépi), comme par enchantement, est devenue du jour au lendemain une priorité du gouvernement, alors que tous les débats étaient cristallisés autour de l’épineux sujet de révision de la Constitution. Si le Chef de l’Etat a affiché, lundi à la Marina, sa volonté de voir les élections communales s’organiser au Bénin avant la fin de l’année 2013, ce nouvel enthousiasme ne demeure pas moins un réveil tardif, mais aussi subtil. Subtil en ce sens qu’il vient dissimuler, un tant soit peu, le débat sur la révision de la Constitution, qui commence à stagner. 
La rencontre du lundi, à la Présidence de la République, avait l’air d’un scénario typique qu’on qualifie chez nous, dans un jargon familier, de «médecin après la mort». Mais, au-delà de toutes considérations analytiques, ne vaut-il pas toujours mieux tard que jamais ?
Cette rencontre qui intervient 06 mois après l’échéance légale des élections communales, initialement prévues pour le mois d’avril 2013, aurait pu se tenir tout au moins 06 mois avant la fin du mandat des Maires et autres élus locaux, qu’elle aurait eu tout son sens. Mais, laisser les carottes se faire cuire avant de s’en soucier ; on a bien envie de se demander à quel jeu a voulu jouer le Président Boni Yayi et son gouvernement.
Il y a encore quelques semaines, le ministre du Développement, Marcel de Souza, laissait entendre sur les ondes de Radio Tokpa, alors qu’il était parti pour défendre le projet de révision de la Constitution, que la correction de la Lépi n’était pas une haute priorité du gouvernement. Mais, entre cette déclaration du ministre et la rencontre du lundi dernier, qu’est-ce qui a pu bien se passer, au point où la tenue des élections communales et locales avant fin 2013, qui passe nécessairement par une correction de la Lépi, devienne aussi brusquement une ferme volonté du Chef de l’Etat ?
Et pourtant, le gouvernement savait que le mandat des Maires venait à expiration en avril 2013. Mais, depuis Avril-Mai 2011 que le fichier électoral contesté a fini de servir à la présidentielle et aux législatives, l’Exécutif n’a affiché aucune détermination, telle que celle du lundi dernier, pour favoriser son toilettage. Même si on considère que la Loi N° 2012-43 portant correction de la Lépi n’a été votée qu’en décembre 2012, suite à un dialogue de sourds qui a perduré au Parlement ; et que le Cos-Lépi n’a été installé qu’en mai 2013, ceci ne justifie pas, pour autant, tout ce temps mis par le gouvernement avant de s’intéresser, de façon aussi ouverte, à la tenue des communales. Puisqu’entre temps, il a surtout préféré donner priorité à sa réforme constitutionnelle.
Mais, aujourd’hui que le projet de révision connaît une certaine stagnation, et que plane dessus l’ombre d’un rejet parlementaire porté aussi par des députés de la majorité présidentielle, le Chef de l’Etat trouve opportun de faire un peu plus de place à la correction de la Lépi. De quoi gagner un peu de temps, pour remettre de l’ordre dans sa majorité parlementaire en pleine décomposition ? La question taraude plusieurs esprits.

mercredi 9 octobre 2013

DRAME DE LAMPEDUSA: LA RESPONSABILITE DES ETATS AFRICAINS.

Le drame qui vient de se produire au large de lampédusa ce 3 octobre doit interpeller au-delà de la famille des victimes, les gouvernements africains. C'est vai que ces milliers de jeunes africains qui affluent chaque année vers l'Europe quelque soient les conditions du voyage sont candidats (volontaire) pour  leur débart. Mais ce que personne n'ose dire encore jusque là, c'est que leur propose-t-on ici en Afrique pourqu'ils restent coller à leur pays? Quel avenir leur réserve-t-on ici en Afrique. Le phénome de l'exode des jeunes africains vers l'Europe est à son point le plus élevé aujourd'hui. Au-delà de l'Afrique du nord souvent pointée du doigt, c'est tout le continent qui est à présent embarqué désormais dans cette indignité où des familles entières désertent leurs pays pour d'hypothétique bonheur en Europe. On y compte désormais pas que de jeunes hommes mais des femmes; des enfants; des adolescents et adolescentes.... des personnes du troisième âge aussi. C'est des villages entiers qui fuient l'Afrique aujourd'hui pour l'Europe .
 
TROIS RESCAPES DU DRAME DE LAMPEDUSA.
CES MESSIEURS NE CHERCHENT NI PLUS NI MOINS QU'A TRAVAILLER ET A VIVRE EN PAIX DANS LEURS PAYS. MAIS...
Ces départs massifs qui s'observent sur tout le continent s'expliquent par la mauvaise ou l'inexistence de politique d'accompagnement des jeunes diplômés; la non-prise en compte du taux galopant du chômage en milieu de jeunes; la corruption et le détournement des deuniers publics érigés en norme de gouvernance; la male-gouvernance où nombreux sont les pays où les ditacteurs au pouvoir révisent la constitution de leur pays aux seules fins de s'y maintenir; les violences sous toutes formes et l'absence de liberté d'expression.
Au Bénin trois facteurs sont à la base de l'exode des jeunes vers la France:
1-Absence de liberté d'expression et d'association
2- Male-gouvernance caractérisée par la confiscation du pouvoir par une minorité de gens décidés tout seul à  réfléchir et à tout faire en lieu et place des autres;
3- Corruption élevée au sommet de l'appareil d'Etat couplet avec une impunité totale des présumés auteurs....
Ces situations et beaucoup d'autres ont fait à nouveau des victimes au Bénin. Trois membres du puissant groupe de rap et hip-hpo connu sous le nom de H2O viennent de se réfugier (clandestinement) en France au terme d'une tournée pour laquelle le groupe avait régulièrement eu tous les papiers. 
En réalité, ce groupe a sorti son dernier album intitulé "sauvons la démocratie béninoise". Très critique envers le pouvoir sur ses méthodes de gouvernance, le disque n'est encore joué par aucune radio ni télévision par peur des répresailles du pouvoir qui a tout muselé sur son passage. La presse écrite a longtemps fait état de ce qu'une menace planerait sur lesdits musiciens suite à leur dernier album mal apprécié par le pouvoir. Conséquence, un beau matin, on apprend (et c'est confirmé) que trois des musiciens du groupe se sont cachés en France.
Pourtant, cela fait  près de vingt (20) ans que ces jeunes travaillent dans la musique au Bénin; ils sont toujours allés puis revenus au Bénin après leur tournée musicale. Mais aujourd'hui face à l'incertitude de l'avenir, face à l'oppression des expressions y compris celle musicale, face à la division de politique et sociale mise en place par le régime pour mieux profiter du peuple, nombreux sont les jeunes qui sont tournés vers l'Europe où, c'est claire que c'est la misère totale. Mais puiqu'on ne leur permet pas de vivre en paix et de s'occuper de leurs "activités" ici!
Si les jeunes béninois trouvaient eux aussi des passeurs, c'est par milliers qu'ils afflueraent vers l'Europe en toute insouciance. 
Alors, que l'on cesse de questionner les migrants sur le pourquoi de leur exode vers la France ou l'Europe. Que l'on cesse de demander aux pays d'Europe de trouver des solutions à ce drame que causent les régimes iniques et ignobles d'Afrique. Il ne s'agira pas non plus de mettre des subventions à dispositions de ces Etats au motif qu'ils créeront des conditions de vie et de travail favorable à leurs citoyens. Tout sera détourné sans traces. L'Union Européenne doit couper le financement aux Etats ne respctant pas de vraies démocraties et ses règles; elle doit évaluer les politiques mises en place par les Etats Africains pour occuper leur jeunesse dans tous les secteurs. Autrement, certains citoyens européens n'auront autre choix que de fuir devant l'avancée des migrants africans.

jeudi 3 octobre 2013

REVISION DE LA CONSTITUTION DU 11 DECEMBRE 1990: VOICI LA PREUVE QUE YAYI N'A PAS RESPECTE LA PROCEDURE.

Il importe pour chaque béninois et béninoise de maintenir l'état de veil actuel pour ne pas avoir à  être surpris au dernier moment.
Les violations massives et manifestes de la constitution du 11 décembre 1990 chèrement mise en place nous imposent un tel état.
 Depuis sa décision unilatérale de réviser la constitution du 11 décembre 1990, le président Yayi Boni défie tout et tout le monde.
YAYI BONI, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU BENIN
IL A DETRUIT LA COHESION SOCIALE ET L'AVENIR DU PAYS POUR BIEN DES ANNEES.
 
Se basant sur des institutions de la république qui au lieu d'être des contre-pouvoirs, se transforment en poste ministériel et donc aux ordres du président, se basant sur l'armée et la police où il a décrété des généraux sans troupe ni prime, pour réprimer toute résistance à ses dérives, Yayi contourne les lois de la République, les viole allègrement avec le soutient de Holo, président de la cour contitutionnelle; Nago, président du parlement et Batoko, président de la cour suprême.
On se souvient de ce pseudo creuset dénommé "conférence des présidents des institutions" dont la dernière rencontre date du vendredi 23 août. Au terme de cette rencontre, c'est bien le professeur Théodore Holo, président de la cour constitutionnelle qui dans son étoffe de ministre porte parole du gouverenement est venu vanté les mérites du gouvernement et de son chef, surtout avant de préciser que la révision de la constitution engagée par Yayi était une bonne chose....  On se souvient aussi de la lettre du président Nago adressée à Yayi Boni, le remerciant pour avoir indroduit au parlement le décret n° 2013-255 du 6 juin 2013 portant projet de révision de la constitution, alors que les députés n'avaient pas encore pris connaissance dudit projet encore moins la commission des lois et que le projet de loi portant projet de révision de la constitution souffre de vice de forme en ce qu'il y manque l'avis motivé de la cour suprême.
Si le parlement était bien dirigé et se trouvait véritablment dans son rôle de contre pouvoir, le président du parlement n'écrierait pas une lettre de félicitation ni de remerciement mais de rejet pur et simple dudit projet au chef de l'Etat. Alors, sur quelle loi s'est basé le président du parlement pour n'avoir pas rejeté le projet de loi portant révision de la constitution? Car, jusqu'à cette date du 6 juin 2013, aucune loi ni aucune décision de la cour constitutionnelle ne permettait de savoir que l'avis motivé de la cour suprême n'était pas nécessaire s'agissant de la révision de la contitution! Et donc, au plus profond de la polémique, avec la sortie de juristes opposés à la démarche du pouvoir et les contestations pour vis de procédure dans la transmission du décret portant projet de révision de la constitution, le président Yayi par lettre daté du 19 août 2013 a saisi par courrier officiel le président de la cour suprême en sollicitat l'avis de cette institution. On voit bien qu'entre la date de transmission du décret portant projet de révision de la constitution au parlement et celle du courrier du président de la République portant demande de l'avis motivé de la cour suprême, il y a une durée de plus de deux (2) mois; ce qui permet de dire que le président de la République s'est précipité, vu la fronde sociale, de solliciter l'élément manquant au dossier. Alors, si dans sa démarche initiale le pouvoir Yayi était si sûr de lui, pourquoi avoir habilement et discrêtement sollicité l'avis motivé de la cour deux (2) mois après, au plus profond des contestations? C'est l'évidence même que l'avis de la cour suprême était insdispensable et obligatoire, et  que pour ne l'avoir pas sollicité dans le document transmis au parlement, le pouvoir a violé la constitution du 11 décembre ou a feind de l'ignorer.; que ledit document devrit être déclaré irrecevable.
Malheureusement, la cour constitutionnelle entretemps saisit par des citoyens, a cru devoir sauver le pouvoir et son chef en difficulté sur le chantier de la révision de la conctitution en publiant la décision DC-13-124 du 12 septembre 2013 rejetant la nécessité pour le pouvoir de recourir à l'avis motivé de la cour suprême avant d'inroduire le projet de révision de la constitution au parlement. Pourtant, c'est dans ce même Bénin; sous la même République et sous les mêmes couleurs nationales que le président Mathieu Kérékou a sollicité et obtenu l'avis motivé de la cour suprême pour modifier la constitution afin d'y introduire la cour des comptes: c'était en 2005. Et il ne s'est trouvé aucune cour de l'espèce de celle de Holo ou un précident de parlement de l'acabit de Nago pour tordre le cou à la procédure! Décidément, notre démocratie est bien en danger et parfaitement mise sous boisseau.
On le voit bien, c'est un complot des institutions de la République contre le peuple qui se joue; car cette révision forcée de la constitution pourrait bien viser à protéger Yayi Boni contre toutes poursuites judiciaires à la fin de son mandant. Il ne faut pas l'oublier: bien des crimes économiques ont été commis sous son régime et parfois même à son initiative.  C'est le cas de l'avion prédentiel devenu un énorme gachis; de la construction du siège du parlement dans un marécage; de l'affaire icc-services et consorts; de l'affaire des machines agricoles; du scandal économique à la sonapra....Donc même si au final Yayi n'arrive pas à se maintenir au pouvoir après 2016, toutes ses maneouvres actuelles ne viseraient peut-être qu'à le protéjer contre la justice à la fin de son mandat. Et même pour ça, nous ne devons pas croiser les bras. Il est temps que ceux qui gèrent ce pays nous rendent compte à la fin de leur mandat ou que nous les interpellions si nous jugeons utile de les écouter devant la justice. Le Bénin ne peut et ne doit plus continuer à être cette case magique où les politiciens viennent s'enrichir impunément pour disparaître sous le couvert de l'immunité!     

mardi 1 octobre 2013

REVISION DE LA CONSTITUTION DU 11 DECEMBRE 1990: JANVIER YAHOUEDEHOU DEMONTE LES ARGUMENTS DE YAYI ET DE SES CLANS.

Dans sa démarche soldatesque et son allure carnavalesque en vue de la révision de la Constitution du 11 décembre 1990, le gouvernement explique sa détermination par des arguments qui mettent au défi l’intelligence collective de tout un peuple. «Avec la ferme conviction d’avoir toujours raison, vous saignez le peuple de son âme et de ses espoirs ‘’, écrit Alioum Fantouré dans son roman, «Le cercle des tropiques».


Tout se passe comme si le président Boni Yayi et son gouvernement sont dans une logique bien claire : réviser la Constitution ou périr. En effet, contre vents et marées , le président de la République est décidé à avancer au mépris de tout consensus. Lors de sa dernière rencontre avec quelques têtes couronnées au palais de la présidence, il profite de l’occasion pour tenter une fois encore de susciter quelque adhésion à sa cause. Parlant des bonnes intentions qui guident la révision de ses rêves, il laisse entendre : ‘’...Mon ambition le plus ardent pour le Bénin est de le voir devenir avant 2016 un pays développé et modernisé où chacun de ses citoyens pourra vivre heureux ‘’. En d’autres termes, pour Boni Yayi, il suffit de réviser la Constitution pour qu’en 2 ans, il réalise ce qu’il n’a pas pu réussir en 8 ans. Suffit-il de réviser la Constitution pour qu’en 2 ans, le Bénin devienne aussi riche que le Qatar et que les millions de jeunes sans emplois retrouvent le bonheur !?!
Il importe de reconnaître que nulle part au monde aucune Constitution n’a servi de panacée aux maux des hommes si les dirigeants ne font d’abord pas preuve d’une politique de développement éclairée et cohérente. Mais il serait judicieux de faire le tour des principaux prétextes, véritables bâtons magiques qui ouvriront la valise de prospérité, l’eldorado des béninois.

I- La création et l’institutionnalisation de la cour des comptes

La Cour Suprême du Bénin dispose de 3 chambres, dont la Chambre des Comptes. Parler de création ne serait pas juste. Ce que propose Boni Yayi à travers son projet de révision est simplement un changement de statut de cette structure. Au lieu d’être maintenu comme un département de la Cour Suprême, cette structure deviendra s’il y a révision, une institution à part entière comme la Cour Suprême elle-même ou plutôt comme le Conseil Economique et Social parce qu’elle ne disposera d’aucun pouvoir en réalité. Ce qui va changer, ce ne sont que les charges financières qui vont exploser; la mission, les prérogatives et les pouvoirs de la Cour des Comptes seront strictement identiques à ceux de la Chambre des Comptes actuelle. Par contre, le Chef de l’Etat aura beaucoup plus de pouvoir sur la Cour des Comptes qu’il n’en a présentement sur la Chambre des Comptes car, les membres de cette dernière sont désignés par le Conseil Supérieur de la Magistrature tandis que ceux de la Cour des Comptes seront nommés directement par le Chef de l’Etat. Par ailleurs, à l’image de la Chambre des Comptes actuelle, la Cour des Comptes ne sera pas une juridiction ni une structure capable de traduire les auteurs d’indélicatesses en justice. Ses rapports seront destinés au Chef de l’Etat à titre consultatif comme ceux de l’IGE aujourd’hui. Plusieurs interrogations viennent alors à l’esprit:
- Pour ce qui est de la Chambre des comptes actuelle au Bénin, n’a t’elle jamais envoyé de rapports au Président de la république ?
- En a t’il fait quelque chose une fois ?
- Depuis près de 8 ans que Boni Yayi est au pouvoir, Combien de fois a t’il rassemblé les membres de la chambre des comptes pour les écouter ?
- Combien de fois le rapport de la chambre des comptes a t’il été évoqué et étudié en conseil des ministres ?
En somme, ce n’est pas parce qu’on va la transformer en Cour des Comptes qu’elle sera plus efficace et instaurera du jour au lendemain, la bonne gouvernance dans la gestion des fonds publics.
Mais malgré tout ceci, Boni Yayi insiste, prétextant que tous les pays de l’Afrique de l’Ouest disposent d’une Cour des Comptes, sauf le Mali et le Bénin.
Et alors ? Ce n’est pas parce que ça a été fait ailleurs que le Bénin doit le faire tout de suite et n’importe comment quelque soient les conditions et risques pour la paix et la concorde;
Qu’est ce que cela va rapporter de façon concrète ? La Chambre des comptes actuelle a des limites, peut être ! Mais qu’est ce que cette petite transformation apportera radicalement et immédiatement dans la vie des béninois par ce temps de crise économique, de misère, de chômage et de tension sociale? Par contre, ça peut servir de prétexte pour réviser la Constitution et faire peut être plus tard des choses très graves pour le pays.
Face au refus collectif de l’opinion publique, Boni Yayi frappe un peu plus fort: «La création de la Chambre des Comptes est une exigence des bailleurs de fonds».
C’est vrai qu’à un moment donné les danois, avaient souhaité entre autres la création au Bénin de la Cour des Comptes en lieu et place de la Chambre des comptes. Mais vu la tension que cette initiative a suscitée aujourd’hui à cause du timing, quel est le bailleur de fonds qui dira: «C’est ça ou rien même si cela devra mettre le pays à feu et à sang» ?
Quel bailleur de fonds en ferait une exigence et dirait, «même si votre pays doit brûler pour cela, faites le quand même ! c’est mon exigence». Si un tel bailleur existe et nous fait une telle exigence, que Boni Yayi demande à son représentant de venir à la télévision dire au peuple béninois combien il veut nous apporter pour exiger que notre pays soit d’abord brûlé.
Et puis, depuis quand Boni Yayi respecte t-il autant à la lettre les exigences des bailleurs de fonds ? Prenons par exemple le 2ème MCA qui devrait apporter 200 Milliards au Bénin. Les américains ne nous ont-ils pas exigé entre autres:
* Le dialogue secteurs Public-privé
* Le renforcement de la sécurité portuaire
* La restauration des libertés et des droits de l’homme
Pourquoi Boni Yayi n’en fait pas un cheval de bataille afin que notre pays mobilise rapidement 200 milliards ?
Le PVI n’était-il pas une réforme capitale exigée par plusieurs bailleurs de fonds ? Et pourtant Boni Yayi n’a pas hésité à le suspendre !
Cette histoire «d’exigence des bailleur de fonds» semble bien être un grotesque prétexte.

II-Corruption et imprescriptibilité des crimes économiques dans la Constitution

La Constitution du 11 décembre 1990 a déjà défini le cadre légal de lutte contre les crimes économiques à travers l’article 37 qui stipule’’ Les biens publics sont sacrés et inviolables. Tout citoyen béninois doit les respecter scrupuleusement et les protéger. Tout acte de sabotage, de vandalisme, de corruption, de détournement, de dilapidation, ou d’enrichissement illicite est réprimé dans les conditions prévues par la loi’’. Et c’est à juste titre que la loi N° 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et infractions connexes est venue compléter voire renforcer une telle disposition constitutionnelle en prescrivant l’Imprescriptibilité des crimes économiques. Alors, avec le vote et la promulgation de cette loi, point n’est besoin de prétendre vouloir fortifier une telle disposition en la remontant dans la constitution. D’ailleurs et comme c’est le cas partout dans le monde, le délai de prescription des crimes et délits est du domaine de la loi et non de la Constitution. La hiérarchie des normes et le parallélisme des formes, veut que toute loi votée et promulguée soit en conformité avec l’esprit de la Constitution, comme tel est le cas pour la loi sur la corruption. L’autorité nationale étant déjà mise sur pied, que le gouvernement lui permette de se mettre à la tâche que de vouloir encore la déstabiliser.
Cet acharnement pour réviser la Constitution n’est-il pas une recherche de bouclier pour absoudre les scandales antérieurs tels les affaires ICC, CENSAD, Matériels agricoles, OCBN, Centrale énergétique de Allègléta, Siège de l’Assemblée nationale, Avion présidentiel, etc. ???

III- LA CENA

En quoi l’institutionnalisation de la CENA va t’elle booster l’économie ? En tout cas, il n’y a rien d’urgent à ce sujet. La commission électorale nationale autonome (cena) à moins de 20 ans ne peut-elle plus subir l’épreuve du temps ? Pourquoi Boni Yayi tient à institutionnaliser la CENA, qui a servi à le porter au pouvoir ainsi que ses prédécesseurs ?

IV- A force de dire non, à quel moment est-ce qu’on pourra opérer une révision de la Constitution ?

Si la révision de la constitution était de la seule compétence du Président de la république, la constitution aurait prévu qu’il le fasse même par décret. La Constitution n’a pas prévu qu’un seul homme décide de son sort. Qu’est ce qu’il y a d’aussi urgent à modifier la Constitution tout de suite et maintenant ?
La modification de la Constitution dans nos pays africains est utilisée pour s’octroyer habilement un 3ème et un 4ème mandat voire plus. C’est pourquoi il faut s’abstenir de modifier une constitution en période de crise de confiance. A titre d’exemple pratique, On ne signe pas un contrat de mariage ou un contrat entre associés lorsque les différents parties ne se sentent pas en confiance. Près de 8 ans après sa prise de pouvoir, combien d’accords le chef de l’Etat Boni Yayi a t’il respecté ? D’autre part, s’il n’a aucun intérêt dans la révision de la Constitution, pourquoi toutes ces marches ? Depuis quand est-ce que Boni Yayi a organisé des marches pour soutenir un projet économique, ou pour soutenir par exemple une loi des finances envoyée à l’Assemblée nationale ?
Les marches sont des actions politiques pour soutenir son initiateur. Si des marches sont organisées pour soutenir le projet de révision, alors on peut conclure qu’il s’agit d’une révision politique. Et si c’est politique, on a en toute évidence besoin de tous les acteurs qui diront sur quoi, quand et comment la faire.

V- Les antirévisionnistes sont-ils des aveugles ?

Dans le fond, la large majorité des béninois qui disent NON ne sont pas contre la révision de la Constitution. Ils le souhaitent même car il y a des insuffisances capitales qu’il faudra corriger avec de nouvelles dispositions mieux pensées. A titre d’exemple, dans le texte de la Constitution actuelle, la Cour Constitutionnelle est contrôlée en réalité par le Président de la République. Sur les 7 membres de la Cour, 3 sont nommés par le Président de la république et 4 par l’Assemblée nationale. Quelque soit la configuration politique du bureau de l’Assemblée nationale, le Président de la République est sûr d’avoir au moins 1 sur les 4 et au mieux la totalité si la mouvance est majoritaire. C’est une insuffisance assez grave, cependant toute révision de cette Constitution doit passer par un dialogue national et un consensus. Car, quelque soit la pertinence d’une réforme, elle ne peut passer avant la Paix et la Concorde quelque soit le pays !
Les syndicats, les confessions religieuses, bref toute la société civile, l’Union Nationale des Magistrats, les partis politiques, le père de la Constitution actuelle monsieur Maurice Ahanhanzo-Glèlè, les personnalités politiques dont les anciens Présidents du Bénin Nicéphore SOGLO et Emile Derlin Zinsou, les anciens présidents de l’Assemblée nationale Adrien HOUNGBEDJI et Bruno AMOUSSOU, etc. ont dit NON !!!!
Un président sortant qui cherche à renforcer le pouvoir de son successeur ? C’est tout de même curieux ! La nature humaine fonctionne rarement comme ça ! Elle est en général jalouse de son successeur.
Ce que Boni Yayi n’a pas pu faire en 8 ans, est-ce en 2 ans qu’il peut le faire en modifiant simplement notre Constitution pour que le Bénin devienne un eldorado, aussi riche que le Qatar ou l’Arabie Saoudite en si peu de temps ?
Sans un cadre de concorde nationale comme en 1990, pourquoi insister avec autant de vigueur pour une révision de la Constitution en ce moment ?
Janvier YAHOUEDEOU