La correction de Liste Electorale Permanente Informatisée (Lépi), comme par enchantement, est devenue du jour au lendemain une priorité du gouvernement, alors que tous les débats étaient cristallisés autour de l’épineux sujet de révision de la Constitution. Si le Chef de l’Etat a affiché, lundi à la Marina, sa volonté de voir les élections communales s’organiser au Bénin avant la fin de l’année 2013, ce nouvel enthousiasme ne demeure pas moins un réveil tardif, mais aussi subtil. Subtil en ce sens qu’il vient dissimuler, un tant soit peu, le débat sur la révision de la Constitution, qui commence à stagner.
La rencontre du lundi, à la Présidence de la République, avait l’air d’un scénario typique qu’on qualifie chez nous, dans un jargon familier, de «médecin après la mort». Mais, au-delà de toutes considérations analytiques, ne vaut-il pas toujours mieux tard que jamais ?
Cette rencontre qui intervient 06 mois après l’échéance légale des élections communales, initialement prévues pour le mois d’avril 2013, aurait pu se tenir tout au moins 06 mois avant la fin du mandat des Maires et autres élus locaux, qu’elle aurait eu tout son sens. Mais, laisser les carottes se faire cuire avant de s’en soucier ; on a bien envie de se demander à quel jeu a voulu jouer le Président Boni Yayi et son gouvernement.
Il y a encore quelques semaines, le ministre du Développement, Marcel de Souza, laissait entendre sur les ondes de Radio Tokpa, alors qu’il était parti pour défendre le projet de révision de la Constitution, que la correction de la Lépi n’était pas une haute priorité du gouvernement. Mais, entre cette déclaration du ministre et la rencontre du lundi dernier, qu’est-ce qui a pu bien se passer, au point où la tenue des élections communales et locales avant fin 2013, qui passe nécessairement par une correction de la Lépi, devienne aussi brusquement une ferme volonté du Chef de l’Etat ?
Et pourtant, le gouvernement savait que le mandat des Maires venait à expiration en avril 2013. Mais, depuis Avril-Mai 2011 que le fichier électoral contesté a fini de servir à la présidentielle et aux législatives, l’Exécutif n’a affiché aucune détermination, telle que celle du lundi dernier, pour favoriser son toilettage. Même si on considère que la Loi N° 2012-43 portant correction de la Lépi n’a été votée qu’en décembre 2012, suite à un dialogue de sourds qui a perduré au Parlement ; et que le Cos-Lépi n’a été installé qu’en mai 2013, ceci ne justifie pas, pour autant, tout ce temps mis par le gouvernement avant de s’intéresser, de façon aussi ouverte, à la tenue des communales. Puisqu’entre temps, il a surtout préféré donner priorité à sa réforme constitutionnelle.
Mais, aujourd’hui que le projet de révision connaît une certaine stagnation, et que plane dessus l’ombre d’un rejet parlementaire porté aussi par des députés de la majorité présidentielle, le Chef de l’Etat trouve opportun de faire un peu plus de place à la correction de la Lépi. De quoi gagner un peu de temps, pour remettre de l’ordre dans sa majorité parlementaire en pleine décomposition ? La question taraude plusieurs esprits.