jeudi 1 juillet 2010

VOUS AVEZ DIT MUSEE CONTRE CINEMA?


CINEMA BENINOIS: LE GOUVERNEMENT CEDERA-T-IL LA SALLE DE CINEMA « LE BENIN » A LA FONDATION ZINSOU ?
La rumeur a pris d’assaut le monde des artistes toutes catégories confondues la semaine dernière. A l’origine, une communication du ministre de la culture apprêtée pour le conseil des ministres et interceptée par certains artistes du cinéma Béninois. Ladite communication fait état de la cession prochaine du « CINE LE BENIN » contre un franc symbolique à la fondation ZINSOU.
Pour rappel, le « CINE LE BENIN » est un des temples du cinéma béninois. Il date des années soixante et est situé en plein cœur, non loin de l’UNAFRICA. Il a connu les gloires du cinéma béninois et africain ; nombre de béninois ont encore en mémoire les merveilles cinématographiques auxquelles ils ont gouté dans ce lieu mythique.
L’accord de cession querellé prévoit que le nouveau propriétaire des lieux devra démolir le bâtiment existant pour en ériger musée. C’est précisément cette démolition qui a donné le rhume et la migraine aux artistes du cinéma. Ils exigent dans leur grande majorité l’arrêt de la cession ; d’autres souhaitent plutôt qu’il soit imposé au nouveau propriétaire de construire un complexe culturel devant accueillir aussi du cinéma. Une troisième vague enfin organise un front anti fondation ZINSOU parce que dit-elle, cette fondation a les moyens de s’acheter un domaine et faire construire son musée, au lieu de démolir l’histoire.
Face donc a la divergence des avis et pensées et des méthodes d’action, la mobilisation d’une grande contestation peine à décoller.
Il est vrai que ce bâtiment entre déjà dans l’architecture de la ville de Cotonou ; il fait parti des témoins du passé et du présent de l’histoire de cette ville. Il est le témoignage de ce qui s’était fait en thème d’architecture d’époque. De ce point de vu, « raser » ce monument pose un problème de conservation du passé, de témoignage et de la référence à l’histoire aussi.
Mais il faut reconnaitre que cela fait bien des années que nos salles de cinéma sont vides et désertes ; cela fait bien des années que notre cinéma lui-même est devenu muet et sourd à tout appel ; cela fait bien des années que nos créateurs de cinéma (acteurs, réalisateurs, cadreurs, preneurs de sons, scénaristes, producteurs, costumiers….) ont déserté la cité, les temples et leur occupation. Nombre des nos temples cinématographiques sont devenus des refuges de braqueurs ; de chauves-souris pour les uns et des lieux de cultes pour les autres…. C’est aussi le cas du « CINE LE BENIN » gardé fermer depuis des lustres sauf à la poussière, aux insectes, à la moisissure et aux puanteurs de tous genres.
Il y a longtemps, des associations d’artistes et certains opérateurs culturels sérieux ont fait la demande de ces lieux en souffrance pour mis en valeur. Toutes ces demandes, aux dires des demandeurs, auraient été rejetées ou simplement sans suite.
Alors, si on peut céder le cinéma « LE BENIN » à la fondation ZINSOU « pour rénovation et mis en valeur », selon le langage consacré ici, on doit pouvoir céder les autres bâtiments du genre en souffrance aux personnes et associations culturelles qui en font la demande depuis. Ne pas le faire relèverait d’une politique aberrante discriminatoire de deux poids deux mesures. Et c’est bien cela qui risquerait de déclencher toutes les passions et souder le rang des différents fronts contre ce projet. Autant le projet de musée est important dans l’espace culturel béninois, autant sont nécessaires les salles théâtres et autres espaces culturels dont rêvent les associations et personnalités culturelles qui depuis des années ne font que demander à mettre en valeur ces espaces abandonnés à la ruine.
Par ailleurs, pour faire clair et simple, le gouvernement gagnerait surtout à lancer un appel d’offre pour ces lieux en ruine. Mais de grâce, que le cahier des charges soit à la portée des associations culturelles moyennes qui ne brassent pas inutilement des milliards de sources douteuses. Autrement ce ne serait que pour barrer la route aux plus faibles, malheureusement plus dignes et honnêtes.
La culture pour tous et tous pour la culture !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire