24 juin 2014
: Partir ou ne pas partir:L’éternel dilemme de Yayi Boni
Christophe Boisbouvier a reçu comme invité politique lundi 23 juin 2013, le Chef de l’Etat béninois Yayi Boni. L’entretien portait sur les suites de la table ronde organisée à Paris par le gouvernement béninois. Il y a été également abordé d’autres thèmes sur l’actualité, notamment l’épineuse et sibylline question de la révision ou non de la Constitution du 11 décembre 1990.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Yayi Boni n’a pas voulu s’éterniser ou épiloguer longtemps sur la question de la révision de la Constitution. Sa réponse a été brève et hyper-laconique. Mot pour mot, il a répondu ceci : « Ils sont libres de le dire, j’ai une conscience, je me suis exprimé à maintes reprises sur cette question. Je sais lire la Constitution, je suis allé à l’école, si on veut m’aider c’est (en faisant en sorte) que je puisse absolument achever mes responsabilités dans le délai imparti. Et ce délai, tous les Béninois, la communauté internationale, le connaissent ». Il ne se pose pas ici la question du crédit qu’il faut accorder à la parole de Yayi Boni. Depuis huit ans, nous avons connu pirouettes et girouettes de toutes sortes. Ce n’est pas nouveau. Tout au plus, peut-on dire que le président semblait un peu agacer par la question. Peut -être qu’elle revient trop dans le débat politique, et dans les arènes de discussion et sur les réseaux sociaux. Peut-être que lui-même semble plus préoccupé par la fin de son mandat et sa sortie prochaine, plus qu’il n’en a l’air. C’est donc un fait nouveau. Mais le plus important, c’est que Yayi Boni désormais met sa « conscience » en jeu et semble prêt à partir. Soit ! Il ne faut peut-être pas s’éterniser outre-mesure sur ce que vaut la « conscience » des hommes politiques. Cependant, si tant est que le Chef de l’Etat béninois est prêt à laisser le crachoir, il y a des préalables. Des gages qu’il faut qu’il donne à ce peuple qu’il l’a élu en 2006. Car au fond, le président n’a de compte à rendre à personne. A part ceux qui l’ont élu, et à sa propre conscience.
Un cafouillage entretenu
Au nombre de ces préalables, la sempiternelle question de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). La fera-t-on ou ne la fera-t-on pas ? C’est la grosse interrogation à laquelle les béninois souhaiteraient avoir une réponse claire et nette. Bien malin qui, à l’étape actuelle, pourrait y répondre. Les propos de Yayi Boni sur Rfi lundi matin, pour avoir un peu de crédibilité, devraient trouver aussi leur réponse là. Le devoir d’un chef de l’Etat sur le départ, n’est peut-être pas de s’assurer un bon héritage parmi ses pairs politiciens. Mais, il doit laisser les outils nécessaires pour parfaire l’Etat, ou pour continuer son développement. Le jeu flou que les politiciens ont aujourd’hui instauré autour de la Lépi n’honore personne. Et à moins de laisser le pays dans les plaies et les larves du sous-développement, il faut trouver les moyens d’organiser à temps ces élections qui ont été trop retardées. Avec ou sans la Lépi, malgré les réticences des esprits frileux. Car, en son temps, si les uns et les autres avaient écouté et entendu raison, cette « Lépi bâclée » et peut-être « inexistante » ne serait plus objet de polémiques. Hélas !
Oublier la révision de la Constitution
Tout ce cafouillage rentrait peut-être dans la ruse de Yayi Boni pour avoir son « second » mandat. C’est peut-être de bonne guerre. Mais il faut maintenant circonscrire le mal. Et penser à l’après Refondation. L’autre préalable, c’est la question de la révision de la Constitution. Pourquoi, se demandent bon nombre d’observateurs, tient-il tant à réviser la Constitution ? Si tant est qu’il veut vraiment partir. L’entretien de Rfi revient en écho comme des paroles jetées en l’air, juste pour endormir, ou pour gagner du temps. En attendant que le vent ne tourne dans un sens favorable. Un gage sûr, ce serait retirer le projet de révision et passer à autre chose. Ce serait pertes et profits. A l’instar du « pardon » dans l’Affaire Patrice Talon, un retrait du projet de révision de la Constitution va apaiser les tensions qui couvent. D’autant plus que avec deux mandats de cinq ans, l’équipe au pouvoir à eu tout le loisir et toute la latitude de faire ses preuves. Il faut donc donner la possibilité à d’autres Béninois de faire leurs preuves et de donner la mesure de leurs talents.
Wilfrid Noubadan
source: Le quotidien "Le Matinal"
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