dimanche 5 juillet 2009


Bénin : Réponse de Yayi Boni aux députés .

Le 02 juin 2009, les députés à l’Assemblée Nationale ont, en application des articles 71 et 113 de la constitution du 11 décembre 1990 et 113 du règlement intérieur du parlement, voté presque à l’unanimité l’interpellation du Président de la République sur ce qu’il convient aujourd’hui d’appeler l’affaire « Nicaise FAGNON »

En effet, Monsieur Nicaise Fagnon, ministre délégué chargé des transports, s’est rendu auteur d’un certain nombre de déclarations jugées attentatoire pour la paix et la cohésion nationale lors d’une mission à Dassa, sa région natale selon l’avis des députés. De façon claire, ils reprochent au ministre d’avoir déclaré devant caméras et micros « qu’il s’opposerait au pluralisme politique dans sa région natale. » et aurait « mis en garde toute personne qui ferait un autre choix que le sien et le hasarderait à venir l’exprimer dans région voire son département »

Voilà la situation qui a sorti la majorité des députés de leur gong pour demander la comparution du premier magistrat du pays devant la représentation du peuple aux fins de s’explique sur les déviances de son collaborateur.
Le rendez-vous tant attendu par tous les béninois a finalement eu lieu ce mardi 30 juin.
En lieu et place du chef de l’Etat lui-même en personne, c’est son ministre chargé des relations avec les institutions, Monsieur BABA BODY Zachary qui est allé délivrer aux honorables députés le message du président de la République.
Après avoir situé les faits dans leurs contextes réels selon sa compréhension à lui, le président de la république a, sans détour, rejeté l’argument selon lequel Monsieur Fagnon serait en mission gouvernementale et précisé le caractère strictement militant de la sortie de son ministre avant de conclure :
« Je ne saurais donc légalement être interpellé au sens de l’article 71 de notre constitution pour une activité qui ne s’inscrit dans le cadre de la fonction gouvernementale. »

La séance a été levée après quelques plaintes, jérémiades ou encore des soutiens fermes aux propos du président selon que l’on est de l’opposition ou de la mouvance au pouvoir.

Au regard des arguments développés par le président de la république qui ne s’est même pas fichu de déplorer les dérives verbales de son ministre , même s’il n’était pas en mission gouvernementale, je trouve mon sens qu’il y a une réelle entrave à la liberté d’opinion et d’association acquise au prix du sang par le peuple béninois.
Au-delà de l’homme d’Etat qu’il est devenu, monsieur Boni Yayi en qualité de citoyen béninois doit se sentir concerner lorsqu’il s’agit des questions liées à l’unité nationale, à la liberté d’expression et d’association, valeurs cardinales de notre démocratie. C’est bien de la nation béninoise qu’il s’agit ; et nous n’en avons qu’une seule.
On n’a pas besoin d’être de l’opposition ni de la mouvance au pouvoir pour mesurer et dénoncer la portée dangereuse des propos de Monsieur Fagnon sur la stabilité et la cohésion nationale.

Même si ces propos venaient à être prononcés par un simple citoyen, ils devraient susciter la colère et l’indignation de tous les Hommes politiques de ce pays sans appartenance politique aucune.
Le refus obstiné du président de la république non pas à sanctionner mais à déplorer les propos attentatoires à la paix nationale et à s’engager à veiller à ce que, plus jamais aucun autre béninois, qu’il soit de la mouvance ou de l’opposition n’emprunte une telle voie, relève à mon sens de l’incapacité du chef de l’Etat à assurer la cohésion de fils et des filles ce pays et à défendre l’unité nationale.

Par ailleurs, maintenant que le président interpellé s’est déchargé sur son ministre comme étant seul responsable de ses propos, les députés épris de pax et de démocratie devront trouver les voix et moyens légaux pour faire passer le citoyen Fagnon Nicaise devant la loi pour propos régionalistes et xénophobes à l’encontre de citoyens béninois.
.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire