vendredi 13 mai 2011

DES ELUS A COUP DE CORRUPTION

ELECTIONS AU BENIN : DESSOUS DES CAMPAGNES ELECTORALES DEGRADANTES ET SANS CONFRONTATIONS D’IDEES NI PROJETS DE SOCIETE.
L’année 2011 a vu le Bénin organiser et tenir deux élections majeures, la présidentielle du 13 mars et les législatives du 30 avril.
Si les observateurs étrangers et la communauté internationale ont tous reconnu la régularité et la bonne tenue transparente des deux scrutins, il n’en demeure pas moins que les campagnes électorales sont parmi les points noirs de ces deux consultations essentielles, mise à part les questions de liste électorale ; de cartes d’électeur non disponible à temps….
Au cours de la présidentielle, la campagne électorale, loin de tourner autour de réels projets de société bâti sur des questions touchant la vie, le quotidien des béninois et des béninoises, est restée de stériles déclarations vaseuses sans contenu. Des propositions circonstancielles parfois males muries et non-adaptées aux réalités des béninois.
La campagne présidentielle a été aussi l’occasion de joutes oratoires injurieuses, destructrices et particulièrement dégradantes et violentes entre les divers candidats ou leurs états majeurs. Elle a été aussi marquée par la distribution d’espèce sonnante et trébuchante en échange du suffrage des électeurs. C’est ainsi que des liasses de billets ont été distribués après les meetings de certains candidats. Il s’agit de messieurs YAYI Boni ; HOUNGBEDJI Adrien ; BIO CHANE Abdoulaye pour ne citer que ceux là. Cette pratique qui ne permet pas aux populations déjà très vulnérables d’exprimer librement leur vote vient s’ajouter aux dons de toutes natures faits par tous les candidats sur le terrain. On raconte par exemple que pour s’attirer les faveurs des têtes couronnées et autres chefs traditionnels du pays, le candidat YAYI Boni a dû faire envoyer à chacun, des enveloppes financières et du vivre en quantité; BIO TCHANE lui aurait distribué énormément d’argent en direction des femmes et des jeunes, environ (5000) cinq mille francs par personne lors de son meeting tenu au stade de l’amitié ; ce même candidat aurait injecté une importante quantité d’argent dans le milieu des artistes, précisément de l’argent remis directement à certains responsables d’association culturelle aux fins de mobiliser pour la cause du candidat les créateurs des œuvres de l’esprit….
Le phénomène a été plus marquant et plus visible lors des législatives.
Les candidats de la liste Union fait la Nation (opposition) notamment QUENUM Epiphane, dans la 16 ème circonscription électorale, a distribué maison après maison, rue après rue et par habitant ou sympathisant politique dans certains quartiers, un (1) litre de sodabi (boisson local alcoolisé), deux mille (2000) francs CFA à certains, et à d’autres deux (2) kilogrammes de riz ou de riz et une enveloppe de deux (2000) francs.
Dans le département des collines, les candidats Edmond AGOUAH et Edgard ALLIA de la même liste électorale, ont respectivement offert aux populations de leurs circonscriptions électorales, qui quatre(4) kilos de viande de bœufs et deux (2) kilos de riz par habitant ; qui du maïs, du riz, du savon et de l’argent en espèce.
D’autres candidats de diverses listes auraient distribué lors de cette campagne, des feuilles de tôle, des paquets de ciments, des houes aux paysans, des pagnes, des cartons de biscuits…
Autres précisions :
Le candidat AZANNAÏ Candide, tête de liste des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (mouvance présidentielle) a distribué dans la 16ème circonscription électorale des billets de deux (2000) francs aux femmes et aux jeunes venus l’écouter. Il n’a pas tenu autre discours que : « …Ne votez pas pour les listes parallèles qui se réclament du chef de l’état ; c’est des gens qui lui feront du chantage une fois qu’ils seront au parlement. La seule liste du chef de l’état, c’est le bulletin vert frappé du cauri blanc au milieu et estampillé du sigle FCBE au rouge. » Après ces mots, le candidat tête de liste met la main à la poche et distribue à tour de bras des billets de banque flambant neuf à chaque membre de son auditoire et rebrousse chemin.
Dans la même circonscription électorale, un candidat du nom de Diallo AMANDOU, proche du chef de l’état et tête de liste de l’alliance de partis dénommés ANC, ALLIANCE NOUVEAU COURAGE, a fait distribuer de l’argent à tous les habitants ou presque du quartier vossa kpodji lors de la campagne. La veille de la tenue de l’élection, c’est-à-dire le vendredi 29 avril, monsieur Diallo AMANDOU a fait distribuer de l’eau de pompe dans presque tous les ménages du même quartier avec comme consigne répétée aux habitants par les serveurs d’eau: « monsieur Diallo vous prie de ne pas l’oublier et surtout de ne pas changer d’avis au dernier moment ».
Voilà donc à peu près ce qu’ont été ces deux dernières campagnes électorales dans notre pays. Le phénomène existait ; on savait que l’argent circulait pendant les élections. Mais cette année particulièrement, le mal a battu tous les records. Lorsque des hommes et des femmes sont élus dans ces conditions, représentent-ils réellement le peuple ? Du président de la République aux députés, tous ont bassement et ignoblement acheté la conscience des populations pour se faire élire. Est-ce cela la démocratie dont nous rêvons depuis des années ? Est-ce cela une élection libre et transparente ? Comment jouer avec la misère et la détresse d’une population aussi vulnérable alimentairement et financièrement ? Des dirigeants élus sur fond de corruption, d’achat de conscience sauront-ils lutter réellement contre ces deux fléaux ?

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