Suite au message en
date du 15 août dernier du clergé béninois en appel pressant à tout le peuple
béninois et particulièrement au président de la république, l’intéressé a cru
devoir réagir. Et, revenant sur les différents points abordés par la conférence
épiscopal de l’église catholique au Bénin, Yayi Boni n’a à aucun moment reconnu
sa responsabilité dans la situation actuelle du pays ; au contraire, il
n’a fait que vanter les mérites de ses efforts et celui de son gouvernement
pour l’e développement du pays. Pour lui, le pays est dans un tel état parce
que les Béninois ne croient pas en Dieu. Alors qu’est ce que le manque ou
l’absence de foi des béninois a à voir
avec la male gouvernance dont fait preuve Yayi depuis le début de son règne
catastrophique pour le Bénin ? Avec toute sa foi en « dieu »
quel avenir Yayi et sa minorité opulente qui tout monopolisé dans le pays
réserve à ce peuple ; à cette jeunesse surtout ? Est-ce la foi en
Dieu qui recommande tous les abus dont est victime ce peuple.
S’agissant de la
révision de la constitution, Yayi explique qu’il a eu l’avale des présidents
des institutions de la Républiques, et que tous les verrous sont mis et ceux
existants sont renforcés contre toute révision opportuniste de la constitution.
Les présidents des
institutions ne sont que des représentants d’institution; ils ne remplacent pas
le peuple dans tous les cas de figure. Même le parlement dans son entièreté ne
saurait se substituer dans un débat aussi important que celui de la révision de
la constitution ; le peuple lui-même doit avoir son mot à dire ; et
avant même que la parole lui soit donnée, une partie de ce peuple désavoue déjà
le projet. Il faut absolument tenir compte de ce que dit le peuple. Et comme
l’a si bien souligné le clergé dans son appel, il se dessine trois catégories
de béninois dans ce débat :
-
Les protagonistes
acharnés de la révision ;
-
Les antis
révisionnistes radicaux ;
-
Ceux
qui acceptent le principe de la révision mais n’en voient pas l’urgence et n’en
approuvent surtout pas la méthode.
Il
est à souligner que le président de la République et ses alliés des institutions
font d’emblée partie de la première catégorie contre le reste des béninois. Où
se trouve alors l’esprit de consensus imposée par la loi ? Yayi et es
président des institutions pensent-ils se passer de l’avis des autres béninois
dans un tel débat, fût-ils minoritaires ?
Par
ailleurs sur ce même volet, le Président de la République indique, je
cite : « Par ailleurs, la Cour
Constitutionnelle, gardienne du temple, continue d’être le rempart pour
garantir l’équilibre constitutionnel de notre pays ». Fin de citation.
Ce rôle de garant de l’équilibre constitutionnel dans
notre pays, il y a longtemps que la cour a cessé de la jouer avec efficience et
impartialité. L’une des preuves
palpables est le rejet en bloc des recours de l’opposition lors de la
présidentielle dernière, recours formulés sous exploit d’huissier! Ce rejet en
bloc de plus de dix recours a fait le lit à l’élection du président Yayi dès le
premier tour du scrutin. Depuis ce temps règne dans le pays une ambiance
délétère, faite de tension sociale, de méfiance où des béninois sont
ouvertement divisés entre le nord et le sud. Donc, les béninois n’ont plus
confiance aux institutions de la République, surtout pas à la cour constitutionnelle qui, sur
plusieurs dossiers, a pris fait et cause
pour le régime Yayi et a souvent refusé de dire le droit : c’était l’œuvre
de Robert Dossou, alors président de ladite institution. Aujourd’hui, les
béninois sont méfiants, très sceptiques que le débat sur la révision de la constitution
se joue seulement au niveau des institutions. Voilà donc ce qui justifie la
grande mobilisation dans le rang des contestataires. Car, plus d’une fois, le
président de la République a driblé son peuple; je veux dire, qu’il a, par le
passé pris mille engagements qu’il n’a pas honoré : La promesse de trente
pour cent (30%) de femmes au gouvernement encore jamais réalisé; la tenue à
bonne date des élections locales et communales qui ont fini par être renvoyé
aux calendes grecques…. Devant les syndicats et confédérations de syndicats,
alors que le pays était paralysé de partout, il avait dit sur un ton de
colère et de menace: «… Je ne suis candidat à rien ….». Il n’a pas hésité
à se porter candidat à sa propre succession dès la fin de son premier mandat. Lors
de la déclaration de sa candidature pour son second mandat, devant des milliers
de ses partisans au stade de l’amitié, il a promis avec fermé, jurant dieu et
tout ce qui pouvait lui passer par la tête que, dès son élection, tous les
spoliés de ICC-Services et consorts seront remboursés. Jusqu’aujourd’hui, rien!
Comment voulez-vous alors que les béninois ne se méfient-ils pas d’un tel homme
qui ne prend que des engagements non-tenus? Pour finir sur ce registre de la révision de
la constitution, Yayi estime, je cite : « Sur ce point, je me permets de
regretter l’absence d’échange entre vous et moi. J’ai le sentiment que la
Conférence Épiscopale a fait des déclarations sur la base des informations non
fondées alors que cet incident aurait pu être évité si des rencontres avaient
été organisées entre elle et toutes les Institutions de la République qui sont
convaincues du bien-fondé de ces ajustements techniques qui n’ont aucun rapport
avec une quelconque dissolution de notre Constitution ». Fin de citation.
Je voudrais dire ici qu’il ne revient pas au clergé béninois de chercher à
tenir une rencontre avec l’ensemble des institutions de la République pour
comprendre quoique ce soit! Si Yayi était aussi transparent qu’il veut le faire
croire, il lui revenait d’associer toutes les forces vives à la réflexion à la
base. Le clergé n’a nullement à chercher torche à la main les institutions de
la République aux fins de comprendre ce qu’elles trament contre le peuple.
Au sujet des questions relatives aux affaires dites
tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat contre le président de la
République, le clergé a écrit, je cite : « En ces moments
difficiles où notre vivre ensemble est mis à l’épreuve, nous avons mal au cœur
que notre patrie, notre premier bien commun, présente à la face du monde
l’image d’un pays de turbulences et de violences inutiles, d’empoisonnements et
de complots douteux, d’arrestations et d’emprisonnements fortement contestés ».
Fin de citation. Voilà le pan de phrase qui a emporté monsieur Yayi Boni. L’on
est en droit de parler aujourd’hui de « complots et d’empoisonnements
douteux ». Car depuis le début de ces affaires et malgré l’armada d’avocats
mobilisés par le pouvoir avec un procureur à ses bottes et à son cul, les différents
juges ont prononcé des « non-lieu à poursuivre » qui ont cloué le bec
au pouvoir accusateur ! C’est avec tout ça que les personnes inculpées
sont toujours gardées en prison pour les beaux yeux de Yayi. Quand c’est la
justice, celle même qui est aux mains du pouvoir qui en vient à rendre par deux
fois et à deux degrés différents, un verdict qui réfute les accusations du
pouvoir, l’on devrait pouvoir s’en tenir à ça et ne plus chercher des boucs
émissaires ! Aux propos du clergé sur ces questions, Yayi se mélange,
morceaux choisis : « Je m’empresse de vous dire qu’au stade où se trouve son instruction je
m’en suis dessaisi pour le confier à la Justice Divine car c’est Dieu qui m’a
créé et tout est grâce.
Cependant, je me permets de
vous prier avec beaucoup de respect et de considération en votre qualité de
Président de la Conférence Épiscopale, une Grande Institution de Foi, de bien
vouloir me faire connaître les éléments en votre possession à partir desquels
vous déclarez qu’il s’agit d’événements douteux et contestés.
Je me permets de vous poser
cette question parce que j’ai foi en votre institution et en sa crédibilité. Je
continue de croire que vous auriez réussi à contacter le principal accusé et
que vous détenez de ce fait des informations à travers votre déclaration. Je
continue de croire que la Conférence Épiscopale ne veut pas à travers cette
déclaration se substituer à la justice de notre pays, ou l’influencer dans
l’instruction de ce dossier, ou semer le doute dans l’opinion nationale et
internationale ».
Les économies de vérités,
les manipulations et autres insolences sont énormes dans ces propos du chef de
l’Etat! Depuis quand s’est-il dessaisi Yayi Boni de ce dossier, alors que l’instruction
et les différentes enquêtes sont allées à leurs termes et que la justice s’est
clairement prononcée. Ce n’est pas quand on finit par être désavoué dans les
règles de l’art par la justice, fût-on président de la République, qu’on vient
s’apitoyer sur son propre sort au motif qu’on s’est dessaisi!
Et parlant du principal
accusé, Yayi estime que le clergé est en
contact avec lui! C’est bien là la preuve que l’homme ne sait plus ce qu’il fait
ni ce qu’il dit; il faudra mobiliser tous les moyens de l’Etat pour engager les
psychiatres les plus réputés au monde pour
le soigner! Il y va de l’intérêt du pays tant qu’il sera au pouvoir.
Loin d’être de simples
accusations, ces propos sont d’une extrême gravité et sonnent comme un outrage
à personnalité; une atteinte à l’église catholique béninoise dans son ensemble !
Il s’entend à présent que le caractère dangereux
de Yayi n’est plus à démontrer; il s’entend aujourd’hui que à Yayi est prêt à
affronter tout le monde pour se maintenir au pouvoir, quelque soit le prix à payer. En cherchant à ridiculiser
et à déstabiliser ainsi le clergé, Yayi montre bien son peu de respect pour ses
hommes qui, quoiqu’on puisse leur reprocher, se sont véritablement mis au
service de la nation et du peuple, en jouant les sapeurs pompiers en temps de
graves crises!
Voilà pourquoi nous devons
résister! Résister et encore résister! Toujours résister aux assauts de Yayi
contre la constitution et les libertés publiques.
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