mardi 27 août 2013

REVISION DE LA CONSTITUTION ET TENSIONS POLITIQUES AU BENIN : LES INSTITUTIONS DE LA REPUBLIQUE AU SECOURS DU PRESIDENT YAYI BONI.

 
 
 
Théodore HOLO, Président de la cour constitutionneelle du Bénin.
En se faisant l'avocat du pouvoir dans le débat sur la révision de la constitution,
l'homme s'est discrété, et n'inspire plus confiance au près des béninois!
 
La République du Bénin vit des heures chaudes; si chaudes que nul ne peut prédire ce qui attend le peuple béninois dans les mois, voire les années à venir. Tout est parti de la mal gouvernance érigée en norme dans le pays, mal gouvernance politique, économique, sociale auxquelles est venue s’ajouter la volonté farouche d’une révision opportuniste de la constitution de la République.
Depuis le message épiscopal du clergé en date du 15 août denier avec une analyse socio politique sans complaisance de la situation du pays, et invitant tout le peuple au dialogue, le gouvernement Yayi Boni, tel un diable dans le bénitier n’arrête pas de montrer du muscle. Après sa lettre incendiaire en signe de réponse au clergé, ce fut le tour de l’Union Islamique du Bénin(UIB) de répondre au clergé, alors que cette institution(l'UIB) n’était pas destinataire du message envoyé au chef de l’État. Comme je l’avais écrit dans un précédent article, tout doute plane aujourd’hui encore sur les vraies raisons qui ont motivé la réponse du l’UIB au clergé, qu’elle a accusé de tout, sauf d’un juge impartial.
Dans cette course affolante de courtisans  et de godillots au secours d’un Yayi Boni visiblement en difficulté dans les résultats attendus de lui par le peuple, c’est les présidents des institutions qui viennent d’entrer dans le jeu,  aux côtés du chef de l’État.
Au terme d’une réunion de concertation tenu ce vendredi 23 au siège de la cour constitutionnelle,  c’est le président de la cour constitutionnelle lui-même en personne qui s’est fait le porte parole de ses pairs, pour dire dans une déclaration nos sans controverse : 
« Nous avons jugé utile de nous réunir en raison des perturbations qui ont cours en ce moment dans notre pays; et bien entendu nous avons élargi nos réflexions sur le projet de révision de la constitution envoyé par le gouvernement au parlement. Au cours de la séance, nous avons longuement écouté le gouvernement, chiffres à l’appui, et avons constaté que tout n’est pas si mal qu’on puisse le croire. Les chiffres de la banque mondiale donne le Bénin en net progression et en bonne position dans sa gouvernance économique; l’U.E.M.O.A classe le bénin troisième (3 è) sur (8) huit pays  en thème de performance économique; de même, le Bénin, le Rwanda et (9) neufs autres pays sont assurés d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement; autres statistiques : en 2006 le revenu moyen par habitant au Bénin est de 400dollars US; en 2010-2012, il est de 800 dollars US(…). Est-ce que ces perfomances se vivent par les concitoyens? Je vous dirai que, en ma qualité d’enseignant du supérieur, ce n’est pas ce que je gagne en 2006 que je gagne en 2013. Donc, il y a des choses intéressantes qui se font mais nous croyons qu’il y a un déficit de communication en direction du peuple; bien entendu je n’ai pas écouté les syndicats et confédérations syndicales, pour ne pas avoir à sortir de mon obligation de réserve, en tant que président d’institution.  ! … S’agissant du projet de révision de la constitution envoyé par l’exécutif au parlement, il y des choses bien dans ce projet,  comme : la constitutionnalisation de la CENA; l’imprescriptibilité des crimes économiques… ce sont là autant de choses intéressantes pour lesquelles ces actions méritent d’être soutenues. La haute juridiction avait déjà, dans une jurisprudence datant de 2007,  indiqué que la constitution ne peut être révisée sans consensus. C’est cela qu’il faut rechercher à présent, et chaque institution devra faire le travail qui est le sien dans ce sens pour que nos populations comprennent clairement ce qui se fait; ce que contient ce projet de révision de la constitution; déjà le projet est envoyé aux maires pour popularisation, c'est une bonne chose; chaque institution devra s’impliquer et le parlement travaille à une large vulgarisaton.…. »
Comme on le voit, les institutions de la République se mobilisent pour contourner la volonté du peuple. Elles entendent  s’unir pour faire échec aux luttes et revendications légitimes du peuple; elles ont préféré soutenir un homme non pas le peuple, encore moins la démocratie béninoise.
Quand monsieur Holo, président de la cour constitutionnelle, dit clairement manger à sa fin du fait de l’évolution constante de son salaire depuis 2007, se demande-t-il si tous les béninois mangent ainsi à leur faims? Se demande-t-il si le salaire de tous les béninois du privé comme du public évolue à cette même vitesse? Se demande-t-il si tous les béninois ou la majorité au moins a accès aux soins de santé qu’ils méritent? Quels efforts ont été les siens en particulier pour l’amélioration du quotidien des béninois et des béninoises? L’homme dit encore : « Je n’ai pas besoin d’écouter les syndicats, pour ne pas sortir de mon obligation de réserve ». Cette phrase à elle seule montre la conception que monsieur Holo a de sa mission de président de la plus haute institution régularisant le droit et la loi dans notre pays. Au nom de quoi pense-t-il (monsieur Holo) ne pas être obligé d’écouter le syndicat, alors qu’il écoute Yayi Boni et ses partisans? Le pays est en crise, donc divisé en deux;  et s’il y a l’un de nous qui se découvre brusquement des vertus d’arbitre, il devra concilier les positions après avoir écouté tout le monde, non pas se faire le porte-parole d’un camp contre l’autre!
Quand les indications de la banque mondiale et du Fond Monétaire International donnent le Bénin en « bonne santé économique », monsieur Holo qui vit et travaille au Bénin, et qui est sensé connaître le vécu quotidien du Béninois ordinaire, constate-il lui, cette supposée « bonne santé économique » sur la vie de ses concitoyens? Écoute-il  au moins les radios, regarde-t-il les télévisions  pour  se rendre compte de la misère et de la détérioration des conditions de vie et de travail de certains de ses compatriotes? Se demande-il au moins comment est répartie la richesse tant évoquée par la banque mondiale et autres institutions qu’il vient de nous citer? Les institutions qui pensent que le Bénin va bien; que le Bénin serait bien gouverner; que le Bénin est assuré d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement sont-elles venues au Bénin constater l’état de la plupart de nos routes? Sont-elles venues visiter nos hôpitaux, nos écoles, lycées, collèges et universités? Ces institutions ont-elles constaté le taux de chômage en milieu de jeunes dans le pays? Savent-elles le nombre d’emploi que Yayi Boni a supprimé du simple fait de la chasse politique injustement menée à certains opérateurs économiques parmi les plus crédibles? Ont-elles connaissance de la division entre le nord et le sud, entre l’islam et le catholicisme orchestrée et entretenue par le même Yayi?  Ces institutions ont-elles connaissance de la forte tension socipolitique qui règne dans le pays à cause du refus de dialogue et de la marginalisation de certains béninois par Yayi et son gouvernement? Ces institutions qui « notent » le Bénin et qui « vanteraient » ses mérites et ses performances socioéconomiques et politiques, savent-elles que le Bénin sous l’égide de Yayi s’est doté d’une LEPI (Liste Électorale Permanente Informatisée) qui fait que désormais tous les présidents élus seront du nord, à cause des fausses données statistiques affectées aux régions du septentrion Béninois?   
En acceptant de défendre ces déclarations et ces positions ouvertement devant caméras et micros, c’est bien la preuve que monsieur Holo et ses pairs des autres institutions ont clairement montré leur direction : celle de la révision à tout prix de la constitution. Ils se sont ainsi substitués  au peuple qui devrait être le seul à savoir s’il y a ou non amélioration de sa condition de vie et de travail. Comment monsieur Holo, juriste de haut rang ayant même travaillé à l’élaboration de la constitution en 1990, peut-il prendre une telle position de citoyen ordinaire et néophyte voire d’un profane, pendant que des magistrats et autres hommes de droits disent haut et fort que le projet de révision de la constitution tel que montée et transmis au parlement, porte des dispositions attentatoires à l’indépendance de la justice? Est-ce la fonction qu’occupe monsieur Holo et les privilèges liés à celle-ci qui font que l’homme ne peut plus distinguer  tous les disfonctionnements soulignés par des béninois? Y compris ceux ouvertement relevés par le professeur Maurice Ahanhanzo Glèlè, père fondateur en grande partie de notre actuelle constitution?  
Le parti pris de monsieur Holo et ses pairs est, on ne peut plus flagrant. Si non, en admettant publiquement qu’il y a de bonnes initiatives dans le projet de loi portant révision de la constitution, il devrait pouvoir souligner un ou deux aspects de moins intéressants!  
Il n’y a plus de doute, la constitution a toutes les chances d’être révisée, aux seules couleurs de Yayi Boni et de ses partisans, dont les présidents des institutions. La réunion de ceux-ci ce vendredi et la déclaration qui en est issue, est la preuve palpable et irréfutable. En attendant, continuons sans désemparer la lutte, camarades!                               

 

 
 

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