Théodore HOLO, Président de la cour constitutionneelle du Bénin.
En se faisant l'avocat du pouvoir dans le débat sur la révision de la constitution,
l'homme s'est discrété, et n'inspire plus confiance au près des béninois!
La République du Bénin vit
des heures chaudes; si chaudes que nul ne peut prédire ce qui attend le peuple
béninois dans les mois, voire les années à venir. Tout est parti de la mal
gouvernance érigée en norme dans le pays, mal gouvernance politique,
économique, sociale auxquelles est venue s’ajouter la volonté farouche d’une
révision opportuniste de la constitution de la République.
Depuis le message épiscopal
du clergé en date du 15 août denier avec une analyse socio politique sans
complaisance de la situation du pays, et invitant tout le peuple au dialogue,
le gouvernement Yayi Boni, tel un diable dans le bénitier n’arrête pas de montrer
du muscle. Après sa lettre incendiaire en signe de réponse au clergé, ce fut le
tour de l’Union Islamique du Bénin(UIB) de répondre au clergé, alors que cette
institution(l'UIB) n’était pas destinataire du message envoyé au chef de l’État. Comme
je l’avais écrit dans un précédent article, tout doute plane aujourd’hui encore
sur les vraies raisons qui ont motivé la réponse du l’UIB au clergé, qu’elle a
accusé de tout, sauf d’un juge impartial.
Dans cette course affolante
de courtisans et de godillots au secours
d’un Yayi Boni visiblement en difficulté dans les résultats attendus de lui par
le peuple, c’est les présidents des institutions qui viennent d’entrer dans le
jeu, aux côtés du chef de l’État.
Au
terme d’une réunion de concertation tenu ce vendredi 23 au siège de la cour
constitutionnelle, c’est le président de
la cour constitutionnelle lui-même en personne qui s’est fait le porte parole de ses pairs, pour dire dans une déclaration nos sans controverse :
« Nous avons jugé utile de nous réunir
en raison des perturbations qui ont cours en ce moment dans notre pays; et bien
entendu nous avons élargi nos réflexions sur le projet de révision de la
constitution envoyé par le gouvernement au parlement. Au cours de la séance,
nous avons longuement écouté le gouvernement, chiffres à l’appui, et avons
constaté que tout n’est pas si mal qu’on puisse le croire. Les chiffres de la
banque mondiale donne le Bénin en net progression et en bonne position dans sa
gouvernance économique; l’U.E.M.O.A classe le bénin troisième (3 è) sur (8)
huit pays en thème de performance
économique; de même, le Bénin, le Rwanda et (9) neufs autres pays sont assurés
d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement; autres
statistiques : en 2006 le revenu moyen par habitant au Bénin est de
400dollars US; en 2010-2012, il est de 800 dollars US(…). Est-ce que ces perfomances se vivent par les concitoyens? Je vous dirai que, en ma
qualité d’enseignant du supérieur, ce n’est pas ce que je gagne en 2006 que je
gagne en 2013. Donc, il y a des choses intéressantes qui se font mais nous
croyons qu’il y a un déficit de communication en direction du peuple; bien
entendu je n’ai pas écouté les syndicats et confédérations syndicales, pour ne
pas avoir à sortir de mon obligation de réserve, en tant que président
d’institution. ! … S’agissant du projet
de révision de la constitution envoyé par l’exécutif au parlement, il y des
choses bien dans ce projet, comme : la constitutionnalisation de la CENA;
l’imprescriptibilité des crimes économiques… ce sont là autant de choses
intéressantes pour lesquelles ces actions méritent d’être soutenues. La haute
juridiction avait déjà, dans une jurisprudence datant de 2007, indiqué que la
constitution ne peut être révisée sans consensus. C’est cela qu’il faut
rechercher à présent, et chaque institution devra faire le travail qui est le
sien dans ce sens pour que nos populations comprennent clairement ce qui se
fait; ce que contient ce projet de révision de la constitution; déjà le projet
est envoyé aux maires pour popularisation, c'est une bonne chose; chaque institution devra
s’impliquer et le parlement travaille à une large vulgarisaton.…. »
Comme on le voit, les
institutions de la République se mobilisent pour contourner la volonté du
peuple. Elles entendent s’unir pour
faire échec aux luttes et revendications légitimes du peuple; elles ont préféré
soutenir un homme non pas le peuple, encore moins la démocratie béninoise.
Quand monsieur Holo,
président de la cour constitutionnelle, dit clairement manger à sa fin du fait
de l’évolution constante de son salaire depuis 2007, se demande-t-il si tous
les béninois mangent ainsi à leur faims? Se demande-t-il si le salaire de tous
les béninois du privé comme du public évolue à cette même vitesse? Se demande-t-il
si tous les béninois ou la majorité au moins a accès aux soins de santé qu’ils
méritent? Quels efforts ont été les siens en particulier pour l’amélioration du
quotidien des béninois et des béninoises? L’homme dit encore : « Je
n’ai pas besoin d’écouter les syndicats, pour ne pas sortir de mon obligation
de réserve ». Cette phrase à elle seule montre la conception que monsieur
Holo a de sa mission de président de la plus haute institution régularisant le
droit et la loi dans notre pays. Au nom de quoi pense-t-il (monsieur Holo) ne
pas être obligé d’écouter le syndicat, alors qu’il écoute Yayi Boni et ses partisans? Le pays
est en crise, donc divisé en deux; et
s’il y a l’un de nous qui se découvre brusquement des vertus d’arbitre, il
devra concilier les positions après avoir écouté tout le monde, non pas se
faire le porte-parole d’un camp contre l’autre!
Quand les indications de la
banque mondiale et du Fond Monétaire International donnent le Bénin en « bonne santé économique »,
monsieur Holo qui vit et travaille au Bénin, et qui est sensé connaître le vécu
quotidien du Béninois ordinaire, constate-il lui, cette supposée « bonne
santé économique » sur la vie de ses concitoyens? Écoute-il au moins les radios, regarde-t-il les
télévisions pour se rendre compte de la misère et de la
détérioration des conditions de vie et de travail de certains de ses
compatriotes? Se demande-il au moins comment est répartie la richesse tant
évoquée par la banque mondiale et autres institutions qu’il vient de nous
citer? Les institutions qui pensent que le Bénin va bien; que le Bénin serait
bien gouverner; que le Bénin est assuré d’atteindre les objectifs du millénaire
pour le développement sont-elles venues au Bénin constater l’état de la plupart
de nos routes? Sont-elles venues visiter nos hôpitaux, nos écoles, lycées,
collèges et universités? Ces institutions ont-elles constaté le taux de chômage
en milieu de jeunes dans le pays? Savent-elles le nombre d’emploi que Yayi Boni
a supprimé du simple fait de la chasse politique injustement menée à certains
opérateurs économiques parmi les plus crédibles? Ont-elles connaissance de la
division entre le nord et le sud, entre l’islam et le catholicisme orchestrée
et entretenue par le même Yayi? Ces
institutions ont-elles connaissance de la forte tension socipolitique qui règne
dans le pays à cause du refus de dialogue et de la marginalisation de certains
béninois par Yayi et son gouvernement? Ces institutions qui
« notent » le Bénin et qui « vanteraient » ses mérites et
ses performances socioéconomiques et politiques, savent-elles que le Bénin sous
l’égide de Yayi s’est doté d’une LEPI (Liste Électorale Permanente
Informatisée) qui fait que désormais tous les présidents élus seront du nord, à
cause des fausses données statistiques affectées aux régions du septentrion
Béninois?
En acceptant de défendre ces
déclarations et ces positions ouvertement devant caméras et micros, c’est bien
la preuve que monsieur Holo et ses pairs des autres institutions ont clairement
montré leur direction : celle de la révision à tout prix de la constitution.
Ils se sont ainsi substitués au peuple
qui devrait être le seul à savoir s’il y a ou non amélioration de sa condition de vie
et de travail. Comment monsieur Holo, juriste de haut rang ayant même travaillé
à l’élaboration de la constitution en 1990, peut-il prendre une telle position
de citoyen ordinaire et néophyte voire d’un profane, pendant que des magistrats
et autres hommes de droits disent haut et fort que le projet de révision de la
constitution tel que montée et transmis au parlement, porte des dispositions
attentatoires à l’indépendance de la justice? Est-ce la fonction qu’occupe
monsieur Holo et les privilèges liés à celle-ci qui font que l’homme ne peut
plus distinguer tous les
disfonctionnements soulignés par des béninois? Y compris ceux ouvertement
relevés par le professeur Maurice Ahanhanzo Glèlè, père fondateur en grande
partie de notre actuelle constitution?
Le
parti pris de monsieur Holo et ses pairs est, on ne peut plus flagrant. Si non,
en admettant publiquement qu’il y a de bonnes initiatives dans le projet de loi
portant révision de la
constitution, il devrait pouvoir souligner un ou deux aspects de moins
intéressants!
Il n’y a plus de doute, la
constitution a toutes les chances d’être révisée, aux seules couleurs de Yayi
Boni et de ses partisans, dont les présidents des institutions. La réunion de
ceux-ci ce vendredi et la déclaration qui en est issue, est la preuve
palpable et irréfutable. En attendant, continuons sans désemparer la lutte,
camarades!
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