mardi 16 juin 2009


DANSE TRADITIONNELLE AU BENIN : UNE NOUVELLE GENERATION DE DANSEURS SE DEVELOPPE

Depuis deux ou trois années, un phénomène nouveau a pris corps et a commencé à se développer de façon exponentielle : il s’agit de la danse ; la danse traditionnelle pour être plus juste.
De plus en plus, nos danses traditionnelles au Bénin ne sont plus l’apanage des seuls danseurs professionnels ou de gens initiés dans les couvents ou par tout ailleurs à la pratique de la danse.
La chose depuis peu, a commencé à inquiéter sérieusement les professionnels de la danse et du rythme traditionnel, ceux là même qui travaillent constamment leurs corps, les mouvements dansants et leurs voix pour une danse traditionnelle plus compétitive et qui commencent à connaitre cette invasion des nouveaux danseurs d’une autre classe sociale.
Sous aucun ciel la concurrence n’a été bien accueillie; chacun travaille à garder bien à lui ses acquits et son domaine.
C’est donc tout naturellement que la naissance de cette nouvelle génération de danseurs n’est pas si bien vue des professionnels de la danse au Bénin.

QUI SONT-ILS CES NOUVEAUX DANSEURS ?

Il ne se passe plus jours sans que sur le terrain notamment dans nos villages les plus reculés, l’on ne trouve ministres, directeurs de cabinet, responsables de haute institution de l’état ou autre cadres exhibés des pas de danse à grands gestes de bras, de jambes et même de tout le corps.
Ce phénomène qui tient ses origines de ces trois dernières années est lié au fait que chaque ministre ou cadre nommé, croyant devoir remercier le chef de l’état et lui garantir son village de provenance comme un électorat à entretenir, débarque au milieu des siens où il organise selon la formule consacrée ici « Une cérémonie de remerciement au chef de l’état » avec pour la circonstance tout le dispositif d’une fête à l’africaine : alcool, tam-tam, chants et danses…marches de soutien et le tout fini par des déclarations de soutiens par classe de gens à savoir :
La déclaration de soutien du porte parole des jeunes
La déclaration de soutien de la porte parole des femmes
La déclaration de soutien du porte parole des sages

La déclaration de soutien du porte parole des retraités

La déclaration de soutien du porteparole des chômeurs
La déclaration de soutien du porte parole des enseignants
La déclaration de soutien du porte parole des rois ou du roi de la localité selon le cas.
La déclaration de soutien et de fidélité au chef de l’état du cadre organisateur de la cérémonie.
Voilà le décor dans lequel des ministres, des responsables d’institution d’état et autres cadres de la nation se livrent sans retenue ni modération à la danse.
Il y en a qui dansent jusqu’à s’affaler au sol, au milieu de la poussière, tout couvert de sable et trempé de sueur.

DE L’EXCITATION A LA HAINE TRIBALE ET ETHNIQUE.

Les plus rodés dans l’exercice, excités, entonnent souvent des chants de guerre à la gloire du chef de l’état pour haranguer la foule qui à son tour reprend en chœur.
A ce tableau peu élogieux pour nos cadres, il faudra ajouter les marches de soutien aux actions du chef de l’état qui sont aussi des occasions de danse pour les nouveaux adeptes de la danse traditionnelle.
Souvent organisées de façon anarchique, elles sont l’œuvre de cadres, de ministres et autres responsables d’institution de la république qui profitent de ces tribunes pour réaffirmer leur allégeance et celle de tout leur village au chef de l’état. Ce sont aussi des moments de grandes joutes oratoires où l’on entend des cadres tenir des propos xénophobes, régionalistes, ethniques et racistes sur les médias publiques et privés à l’encontre de citoyens béninois qu’ils jugent indésirables dans leurs localités.
C’est le cas du Ministre FAGNON Nicaise, chargé des transports publiques, qui récemment se soulevant à la tête d’un groupuscule de jeunes contre une manifestation tenue à Dassa par des partisans de Monsieur Bio TCHANE, candidat non déclaré à la présidentielle de 2011, s’est vigoureusement indigné de la tenue de la dite manifestation dans sa localité (Dassa) ; il a traité les organisateurs d’imposteurs, d’étrangers et a précisé que Dassa est avec le chef de l’état et lui seul.

Voilà comment chaque jour la nation entière assiste meurtrie en direct ou via reportage télévisé à la crétinisation et à la clochardisation de ses cadres ; à l’ensemencement de la violence et de la haine tribale. Ces types de propos qu'ils viennent d'un ministre en mission ou pas constituent à n'en point douter une menace sur l'unité nationale et la paix sociale. Nul ne peut être traité d'étranger dans son propre pays quelques soit les raisons.....
Nous en avons déjà vu de ministres qui ont passé tout le temps à marcher et à danser à la tête de longs cortèges proférant menaces et injures contre les hommes et les femmes de l'opposition mais qui n’ont pas été maintenus au poste dès la première occasion de remaniement. De ce fait, ni la marche ni la danse ni les propos régionalistes et xénophobes ne doit être la mesure ni l’argument pour rester au poste.
En réalité, sont-ils obligés de danser, de marcher ou même de montrer au chef de l’état qu’ils ont un électorat à « monnayer » ? Ne sont-ils pas appelés au gouvernement ou à leurs différents postes parce qu’ils en ont le niveau, parce qu’ils le méritent ?
Aujourd’hui, la danse et la marche sont devenues un mode de remerciement propre aux cadres au sommet de la nation qui s’y adonnent à temps et à contre temps, oubliant tous les honneurs dus à leurs rangs.
Arrêtez mesdames et messieurs ! Arrêter de danser et de marcher tout le temps, bon sang ! Faites bien ce que vous avez à faire et le chef de l’état en jugera en son temps.
Vos tendances xénophobes, racistes et régionalistes ne seront pas un passeport pour vous devant la nation ; vous devez être des serviteurs du peuple et comprendre que serviteur vous l’êtes à titre précaire, révocable à tout instant. Toutes démarches que vous initierez pour plaire au chef de l’état et pour vous faire maintenir au poste se retournera bien contre vous un de ces jours.
Monsieur le président de la république, s’il vous plait, arrêtez la crétinisation des cadres autour de vous ; je n’ai pas le souvenir de vous avoir vu danser ou marcher quand vous étiez conseiller à l’économie et aux finances sous le président Soglo; encore moins quand vous étiez président de la BOAD ; même candidat aux hautes fonctions de l’état, vous n’avez pas été obligé de danser ou de vous offrir en spectacle désobligeant et peu honorable pour votre famille et la nation béninoise toute entière.
Arrêtez donc la saignée, Monsieur le président pour l’honneur du pays et pour la dignité de ses enfants.
…..Si vous ne le savez peut-être pas, vos cadres, auteurs de propos xénophobes et régionalistes méritent déjà un carton rouge signé de vous, si tant est que vous travaillez pour l’unité et pour la cohésion de la nation béninoise.
Notre pays est un, du nord au sud, de l’Est à L’Ouest et nul ne viendra nous le diviser ou diviser ses fils. Tout béninois doit pouvoir se sentir chez lui partout il se trouve sur le territoire national et pourra librement exercer sa pensée politique, artistique et sociale sans atteinte à l’ordre public.

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