vendredi 19 juin 2009


Iran/Présidentielle: Pourquoi l’Iran et pas les autres ?

La vague de contestations des électeurs iraniens au sujet des résultats de la présidentielle de juin 2009 est ni plus ni moins liée au score écrasant généreusement affecté par le ministère de l’intérieur au candidat Mahmoud Ahmadinejad au détriment du très populaire réformiste Moussavi.
En effet, cette victoire à la soviétique au premier tour pour un candidat dont le bilan financier, militaire et politique à la tête de l’Iran depuis cinq ans, n’est pas des moins critiques, ne peut passer inaperçu dans un pays à démocratie théocratique.
A en juger par la popularité de Monsieur Moussavi, on est en droit de chercher à savoir ce qui s’est vraiment passé lors du comptage des voix au ministère de l’intérieur pour que l’écart de voix entre les deux candidats en tête du scrutin soit aussi large.
Les électeurs du candidat Moussavi en optant pour un changement à la tête du pays, aspirent à plus de liberté, plus de démocratie, moins de tensions et moins de radicalisation des positions iraniennes sur les questions liées à l’Israël, les Etats Unis d’Amérique, le nucléaire militaire pour ne citer que ceux là…
Cela dit, l’Iran plus que plusieurs nations de la région vit une démocratie à envier à bien des égards ; il est le seul pays arabe où le mandat présidentiel est limité, il est le seul à organiser régulièrement depuis la révolution islamique des élections législatives et présidentielles à bonnes dates et il est aussi le seul à autoriser les candidatures de tous bords politiques et religieux aux différentes élections. Certes que des progrès restent à faire sur les règles de la démocratie, de la liberté de presse et d’association… mais il est indispensable de reconnaitre ce qui est fait et de formuler des critiques justes et objectifs pour faire avancer les choses. Qu’on le veuille ou pas, l’Iran est un exemple démocratique comparativement à certains de ses voisins, amis et protégés des capitales occidentales.
Ce qui se passe dans les rues iraniennes aujourd’hui et qui a provoqué l’autorisation du guide suprême pour le recomptage partiel des voix relève d’une certaine forme de liberté d’expression et d’association aussi.
Dans bien des pays de cette région, le concept « élection libre et transparente » n’existe pas ; les mêmes régimes sont en place depuis des lustres par ici, la constitution est modifiée ou adaptée à la mesure d’un seul individu par là, et il n’y a aucune opposition pour contester quoique ce soit. Jamais dans ces pays en question on a vu une manifestation de l’opposition ; tout candidat à l’opposition est soit jeté en prison, contraint à l’exil ou froidement assassiné.
Et pourtant ces pays où l’on ne saurait parler de démocratie ni de droits de l’Hommes sont les meilleurs alliés et interlocuteurs des capitales occidentales qui dénoncent ce qui se passe en Iran comme « violences gratuites contre des manifestants pacifistes » et « des fraudes à grandes échelles ». … C’est évident qu’il y a problème en Iran aujourd’hui ; mais ce pays a ses réalités que l’occident ne saurait cerner.
Au nom de quelle loi ose-t-on tout demander à certains et rien du tout aux autres ?
En ces moments difficiles, ce brusque regain d’intérêt de certains dirigeants occidentaux pour le peuple iranien a tout l’air d’une récupération politique.
C’est clair aujourd’hui qu’un homme comme Ahmadinéjad ne fera jamais l’affaire des occidentaux ; tant ce monsieur sera au pouvoir, l’Iran finira bien par avoir sa bombe nucléaire ; l’Iran sera toujours une menace permanente pour Israël et tous ses voisins. Cette puissance montante que constitue l’Iran d’aujourd’hui dérange certaines nations nucléaires et autres dont la seule visée est d’infiltrer le mythe iranien afin de le détruire aussi bien militairement qu’économiquement. Le cas de l’Irak est encore bien présent dans tous les esprits.
Face à la situation actuelle, le peuple iranien doit tout seul jouer son destin dans la cohésion et la paix sociale. Il doit se méfier des donneurs de leçons de démocratie et des sympathisants ou amis autoproclamés responsables et complices de la destruction de la Somalie, l’Irak, la Palestine pour ne citer que ceux là.

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